Comment la France a sacrifié sa principale usine de masques

Source : France inter, Benoît Collombat
Alors que la France manque cruellement de masques face à l’épidémie de coronavirus, une entreprise française, installée en Bretagne, qui pouvait en fabriquer jusqu’à 200 millions par an, a fermé en 2018 après avoir été rachetée par un groupe américain. Qui est responsable de ce fiasco ? Enquête.
« Pour eux, on est un peu comme des pions sur un jeu de Monopoly. » Antoine* est un « ancien » de l’usine de Plaintel, dans les Côtes-d’Armor. Depuis les années 90, il a vu passer plusieurs repreneurs de l’usine bretonne spécialisée dans la fabrication des masques respiratoires, notamment les fameux masques FFP2 indispensables au personnel médical. Il a connu le boomde l’entreprise au moment de la grippe H1N1, en 2009, lorsque l’usine fonctionnait « vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept » avec « huit machines, dont cinq supplémentaires« . Une capacité de production multipliée par cinq et 300 employés pour fabriquer des masques pour la France entière.
« En 2005, j’avais signé un protocole d’accord avec le ministre de la santé », Xavier Bertrand, explique Roland Fangeat, ancien président de la division respiratoire du groupe Bacou-Dalloz, propriétaire de l’usine de Plaintel à l’époque. « Nous nous engagions à garantir une production d’au moins 180 millions de masques par an. Le groupe a investi plus de près de neuf millions d’euros sur le site de Plaintel pour financer notamment une extension. Nous avions une capacité de production de 220 millions de masques par an, quatre millions par semaine, en cas de crise. »

L’État s’engage, avant de se retirer

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