Naïm Qassem, n°2 du Hezbollah, interviewé par Raphaël Berland lors du tournage du documentaire « Voyage au pays de Bachar »
Qu’est-ce que le Hezbollah ? Ce mouvement chiite, né au début des années 1980, fait souvent parler de lui ces dernières années. S’il s’agissait au départ d’un simple mouvement de résistance, celui-ci s’est progressivement imposé comme le principal pôle de ralliement des libanais face à Israël, qui a envahi plusieurs fois le Liban et qui occupe toujours illégalement plusieurs de ses territoires. Ce virage s’est opéré notamment dans les années 1990, sous l’impulsion d’Hassan Nasrallah (alors nouveau leader du mouvement), et a pris la forme de l’entrée du Hezbollah sur la scène politique libanaise.
Depuis, sa popularité n’a cessé d’augmenter, bien sûr au Liban mais aussi bien au-delà. Ce succès est dû d’une part à la victoire des combattants du Hezbollah qui ont repoussé l’offensive israélienne en 2006, mais aussi à la probité de ses méthodes. En effet, le mouvement évite soigneusement les deux principaux écueils que sont la corruption et l’intégrisme.
Lors de mon voyage au Liban et en Syrie pour le tournage du documentaire « Voyage au pays de Bachar », j’ai pu rencontrer brièvement Naïm Qassem, vice premier secrétaire du Hezbollah. Voici la vidéo de cette entrevue.
Le Hezbollah est constamment dans la ligne de mire des États-Unis et d’Israël depuis plus de 15 ans. Le 2 février 2005, Georges W. Bush menace dans un discours la Syrie pour son soutien au Hezbollah. Le 7 février, l’ambassadeur syrien à Washington s’entend signifier que son pays doit cesser ses relations avec le Hezbollah. Le 14 février, l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri est assassiné à Beyrouth, les médias occidentaux essayant de faire porter le chapeau aux présidents libanais et syrien, Emile Lahoud et Bachar Al-Assad (je reviendrai dans un prochain article sur la personne d’Emile Lahoud, et son refus de désarmer le « Hezb’ » lorsqu’il était général en chef des armées libanaises, malgré les pressions internationales).
Plus récemment, en janvier 2015, profitant de la stupeur en occident suite aux attentats de Charlie Hebdo, Benjamin Netanyahou a tenté d’amalgamer le Hezbollah à des groupes terroristes comme DAECH (ISIS) ou Boko Haram, dans une conférence de presse donnée aux côtés de l’ambassadeur de France. On notera que le premier ministre israélien en profite également pour carrément déclarer la guerre aux « forces de l’Islam » (sic) !
En mai 2017, Donald Trump a fait lui aussi une liste à la Prévert lors de son discours à Riyad, amalgamant le Hezbollah à Al-Qaïda. Et, il y a de cela un mois seulement, la pseudo démission de Saad Hariri fut l’occasion pour l’Arabie Saoudite de tenter de mettre politiquement la pression (en vain) sur le fameux mouvement chiite.
On le voit, le « petit » Hezbollah, un acteur pourtant non-étatique mais soutenu par de puissants parrains (syriens et surtout iraniens), semble être LE grain de sable qui, depuis 1982, contrecarre partiellement l’expansionnisme israélien et l’impérialisme américain dans la région. Et pour appréhender à quel point aujourd’hui l’accusation de mouvement terroriste à son encontre est de l’ordre de la mauvaise propagande, je vous propose de visionner ce très bon documentaire réalisé par Jean-François Boyer et Alain Gresh en 2007 : « Le Mystère Hezbollah »
Raphaël Berland
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