Deuxième conférence parisienne des « Éconoclastes » (les Éconoclastes)

Les Éconoclastes donnaient mardi 15 mars leur deuxième conférence à Paris, ambiance explosive dans les locaux de l’école de commerce ISEG à Paris. Le collectif des Éconoclastes donnait sa deuxième conférence dans la capitale. Il réunit des acteurs du monde économique venant d’horizons très divers. Une chose les rassemble : le désir de faire partager une vision différente. En ces temps de turbulences sur la planète finance, ils ont, durant deux heures, abordé des thèmes allant du maquillage des chiffres économiques à la politique européenne en passant par l’énergie et la crise syrienne. Le tout devant une salle comble.

« Les chiffres économiques sont manipulés »

« Je dis souvent que pour tondre un mouton, il faut éviter qu’il bouge. » Olivier Delamarche a attaqué fort. Le chroniqueur de BFM Business, connu pour son franc-parler, était accompagné de Pierre Sabatier, un autre intervenant de la chaîne. Tous deux ont ouvert le bal. Dans leur viseur ? Les chiffres officiels en matière d’économie.
Olivier Delamarche s’est notamment attaqué à un de ses sujets de prédilection : les chiffres de l’emploi américains. Autant dire qu’il n’est pas convaincu par le taux annoncé de 4,9 % de chômage au mois de février. « Il y a 94 millions d’Américains en âge de travailler qui n’ont pas d’emploi. Je veux bien qu’ils ne rentrent pas dans les statistiques et qu’on ne les appelle pas des chômeurs mais le fait est qu’ils ne travaillent pas », a-t-il expliqué. Pour Pierre Sabatier, les États-Unis se trouvent « en fin de cycle ».
Selon Olivier Delamarche, les créations d’emplois aux États-Unis concerneraient en majorité les plus de 50 ans pour des jobs précaires et mal rémunérés. « Vous n’allez pas me faire croire que si on ne paie pas les gens, ils consomment ? », a-t-il interrogé avec ironie.
Il aussi été question des programmes d’assouplissements quantitatifs (injections massives de liquidité par les banques centrales) et de leur influence sur l’économie. « Quand le type au fond de sa cave décide de faire fonctionner la planche à billets dans des proportions gigantesques cela a un impact conséquent sur l’économie et les prix », a souligné Pierre Sabatier.

La Syrie, une histoire de tuyaux… entre autres

Les deux comparses ont ensuite laissé la place à deux experts du pétrole. Nicolas Meilhan, conseiller en énergie et transport et Benjamin Louvet, responsable matières premières, ont notamment abordé les cas du pétrole de schiste aux États-Unis et de la crise en Syrie.
Sur le premier point, les deux spécialistes sont loin de croire à l’indépendance énergétique de l’Oncle Sam. Nicolas Meilhan a rappelé qu’ils restent « les premiers importateurs de pétrole au monde » ; Benjamin Louvet a quant à lui souligné les problèmes financiers du secteur du pétrole de schiste de l’autre côté de l’Atlantique : « 60 % des entreprises ont une dette sept fois supérieure à leurs bénéfices. » Il a par ailleurs fait mention de plusieurs études selon lesquelles l’ensemble des réserves de schiste contenue sous le sol étasunien représente à peine deux ans de leur consommation.
Les experts de l’énergie ont également abordé le problème syrien sous un angle peu souvent évoqué dans les médias : celui de la guerre du gaz. Nicolas Meilhan a rappelé à l’assemblée la position géographique stratégique de la Syrie. Selon lui, le Qatar rêverait de faire passer un pipe-line sur son sol afin d’obtenir un débouché vers la Méditerranée. Les résistances de Bachar el-Assad et sa préférence pour un deal avec l’Iran aurait motivé Doha à soutenir la rébellion syrienne à coups de milliards de dollars.
Ce qui a fait dire à Benjamin Louvet que le conflit syrien « s’explique en partie par des histoires de gros tuyaux et de gaz », tout en soulignant la crainte saoudienne de voir un axe chiite se former au Moyen-Orient.

L’Europe sociale n’aura pas lieu

Philippe Béchade, président des Éconoclastes et Olivier Berruyer, auteur du blog Les Crises, ont clos la soirée par un point sur l’Union européenne et sa politique sociale. Cette dernière partie a été lancée avec une vidéo retraçant les déclarations d’hommes politiques, de François Mitterrand à Manuel Valls, sur la nécessité d’une Europe sociale. De grands discours loin d’avoir été suivis d’effet pour les deux Éconoclastes.
Philippe Béchade en a profité pour critiquer la chancelière allemande Angela Merkel, mise récemment en difficulté au niveau électoral. C’est surtout sa politique d’accueil des migrants qui exaspère le président du think-tank. Il a analysé cette décision comme une « volonté de faire venir de la main d’oeuvre à bas coût tout en profitant de la « marque » Allemagne et d’une monnaie sur mesure ».
Olivier Berruyer s’est pour sa part intéressé aux recommandations de l’UE pour la France. Notamment en ce qui concerne les salaires qu’elle verrait bien plus flexibles en fonction de la santé économique de l’entreprise. Il a qualifié la loi El Khomri de transcription des directives de Bruxelles.

Questions du public et réponses des Éconoclastes

S’en est ensuite suivi un débat avec la communuté des Éconoclastes où Olivier Berruyer s’est fendu de deux saillies qui ont bien fait rire l’audience. La première concernait l’ancien ministre de l’économie grec Yannis Varoufakis, à qui il reproche de ne pas remettre en cause les institutions européennes.
La seconde portait sur la monnaie unique. Le résultat d’une démarche aussi « bête » que de se mettre « en groupe pour acheter des chaussures parce que c’est moins cher » car, a-t-il expliqué, « tout le monde se retrouve avec du 39, le problème c’est que certains ont des gros pieds et les Grecs ont de très grands pieds ».

Source
relayé par William Perroquet
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