Source : Libération, Gaël Giraud
La pandémie montre les faiblesses du modèle économique libéral et individualiste, et rappelle la nécessité d’un Etat ramené à sa mission première : la survie de chacun.
Tribune. Le confinement partiel de l’Europe a ressuscité l’idée que le capitalisme est décidément un système bien fragile et que l’Etat-providence est de retour.
De fait, la faille de notre système économique que révèle la tragédie du coronavirus est malheureusement simple : si une personne infectée est capable d’en contaminer plusieurs autres en quelques jours et si le mal possède une létalité significative, comme c’est le cas du Covid-19, aucun système de production économique ne peut survivre sans un puissant service public. En effet, les salariés au bas de l’échelle sociale contamineront tôt ou tard leurs voisins, et le patron ou le ministre lui-même finira par contracter le virus. Impossible d’entretenir la fiction anthropologique de l’individualisme véhiculée par l’économie néolibérale et les politiques de démantèlement du service public qui l’ont accompagnée depuis quarante ans : l’externalité négative induite par le virus défie radicalement l’imaginaire de la start-up nation façonnée par le volontarisme d’auto-entrepreneurs atomisés.
La santé de chacun dépend de la santé de tous. Nous sommes tous des êtres de relations interdépendants. Bien sûr, certains peuvent espérer que leurs privilèges leur faciliteront l’accès à des services hospitaliers privés si le pire devait leur arriver. Mais ceux-ci ont été réquisitionnés en Espagne et devraient l’être partout ailleurs. Ce serait, en tout cas, un pari personnel bien risqué de la part des «premiers de cordée» que de construire un système économique sur un tel risque. Car cette pandémie n’est nullement la dernière, le Big One qui ne reviendra plus avant un siècle, au contrair e: le réchauffement climatique promet la multiplication des pandémies tropicales, comme le rappellent depuis des années la Banque mondiale et le Giec.Lire la suite
Source