Le buzz sur la chloroquine freine l’essai clinique européen Discovery

Source : Libération, Nathalie Raulin, 26-03-2020

L’espoir qu’a fait naître l’infectiologue Didier Raoult dissuade certains malades de participer aux recherches scientifiques lancées pour trouver un traitement efficace contre le coronavirus.

C’est un effet pervers et inattendu de l’actuel engouement pour la chloroquine : l’écho médiatique mondial rencontré (en dépit d’une méthodologie très discutable) par l’étude clinique réalisée par l’infectiologue et directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée, Didier Raoult, entrave les recherches scientifiques en cours pour trouver un traitement efficace contre le Covid-19. Occupés depuis dimanche à recruter les 800 patients français (sur 3 100 Européens) destinés à participer à l’essai clinique européen Discovery, les infectiologues de Bichat se sont heurtés au refus de plusieurs malades. «Il y a un tel tapage médiatique irrationnel que certains patients refusent d’être enrôlés dans l’essai Discovery parce qu’ils ne veulent pour traitement que de l’hydroxychloroquine, peste le professeur Xavier Lescure, infectiologue à Bichat. Malgré tout le respect que j’ai pour lui, Raoult gêne la réalisation d’une recherche méthodologique robuste. On ne peut colporter des certitudes et jouer avec l’espoir des gens. Il nous fait perdre du temps.»
D’abord écartée de l’essai Discovery, l’hydroxychloroquine y a été intégrée après le changement de pied de l’Organisation mondiale de la santé qui, il y a quinze jours, l’a rangé dans sa liste des traitements prioritaires. Pourquoi, dès lors, une telle réticence des patients ? Question de probabilité.

«Les refus viennent aussi des médecins»

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