Nassim Nicholas Taleb : « Sans paranoïa, pas de survie ! »

Source : Le Point, Gabriel Bouchaud, 23-02-2020
Propos recueillis par Gabriel Bouchaud
Il est difficile de présenter Nassim Nicholas Taleb en quelques lignes. Après avoir travaillé pendant vingt et un ans comme trader, un métier intrinsèquement lié au risque, il est devenu chercheur et essayiste, spécialiste mondialement reconnu des questions de probabilité, qu’elles soient philosophiques, mathématiques ou pratiques. Auteur de livres parlant de l’incertitude liée aux probabilités (Le Cygne noir, Le Hasard sauvage, Antifragile, Jouer sa peau), traduits dans 41 langues, nous avons souhaité discuter avec lui de l’épidémie de coronavirus partie de la province chinoise du Hubei. De l’impact de cette crise sur la mondialisation sur la finance à notre rapport aux évènements extrêmes et à la peur qu’il peuvent induire, voici son analyse de la situation.
Le Point : Selon vous, la crise sanitaire que l’on vit en ce moment représente-t-elle un tournant dans notre rapport à la mondialisation ?
Nassim Nicholas Taleb : Il y a bientôt treize ans, quand j’ai écrit « Le Cygne noir », j’ai constaté que la fin de l’isolement et l’explosion des canaux d’information entrainent une concentration de la richesse et du pouvoir. Cette absence d’isolement est effrayante dans le cas des maladies transmissibles, parce qu’elles peuvent se diffuser beaucoup plus rapidement. Mais l’incertitude liée à la virulence d’une épidémie majeure permet de prendre plus facilement les décisions qui s’imposent, paradoxalement. Etre alarmé par le risque de pandémie n’est pas problématique !Lire la suite

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