L’hypocrisie morale du procès en destitution – Par Chris Hedges

Source : Truthdig, Chris Hedges, 23-12-2019
M. Fish / Truthdig
La procédure de destitution a été un étalage répugnant d’hypocrisie morale. Les interventions des républicains et des démocrates sont rapidement devenues prévisibles. Les démocrates, bien qu’ils aient applaudi à l’annonce des résultats du vote avant d’être rapidement réduits au silence par la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, ont cherché à se revêtir de gravité et de solennité. La décision calculée de Pelosi d’ouvrir le procès en destitution avec la version « devant Dieu » du Serment d’allégeance de 1954 était un signal approprié étant donné le nouveau maccarthysme du parti. Les démocrates se sont présentés comme des sauveurs, la dernière ligne de défense entre une démocratie constitutionnelle et la tyrannie. Les Républicains, aussi moralisateurs et écœurants que les Démocrates, ont proposé des analogies ridicules pour attaquer ce qu’ils ont condamné comme un procès à grand spectacle, notamment la déclaration du député Barry Loudermilk selon laquelle « Ponce Pilate a accordé plus de droits à Jésus que les démocrates n’en ont accordé à ce président ». Les républicains se sont prosternés sans vergogne tout au long des 10 heures de la procédure aux pieds de leur gourou Donald Trump, offrant une fidélité abjecte et éternelle. Ils ont accusé avec colère les démocrates de vouloir renverser les élections de 2016 par un coup d’État législatif.
C’était un spectacle ahurissant, dénué de morale et d’éthique, le genre de théâtre politique qui caractérise les régimes despotiques. Personne dans l’hémicycle ne protégeait la Constitution. Personne ne cherchait à demander des comptes à ceux qui l’avaient violée. Personne ne se battait pour rétablir l’État de droit. Les deux partis, qui ont mis en pièces les protections et les droits constitutionnels et vendu le processus politique aux plus offrants, se sont livrés à des violations flagrantes de la Constitution pendant des années et n’en ont pas tenu compte lorsqu’elles ont été rendues publiques. Les prises de position morales ont un coût, mais presque personne au Congrès ne semble prêt à le payer. Essayer de salir Trump en tant qu’agent russe a échoué. Les démocrates espèrent maintenant le discréditer en l’accusant d’abus de pouvoir et d’outrage au Congrès.
La politisation de la procédure de destitution n’a fait qu’exacerber les antagonismes et la polarisation dans le pays. Elle a, ironiquement, augmenté le soutien à Trump, qui, dans cet environnement toxique, pourrait bien être réélu. Son taux d’approbation est passé à 45 %, contre 39 % au moment de l’enquête de destitution, selon la dernière enquête Gallup, menée du 2 au 15 décembre. C’est la troisième hausse consécutive de la cote d’approbation en faveur de Trump. Parmi les républicains, Trump a une cote d’approbation de 89 %, soit près de neuf sur dix dans le GOP. Cinquante et un pour cent des Américains s’opposent au procès en destitution et au renvoi, soit une hausse de cinq points de pourcentage depuis le début de l’enquête de la Chambre, rapporte Gallup.Lire la suite

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