« Un virus mondialisé » – Par Michel Onfray

Source : Michel Onfray, 02-03-2020
Le coronavirus n’est pas juste une épidémie médicale, c’est également une métaphore: celle de ce qu’est (devenue) la France qui subit, voire qui va au devant des problèmes. Ses prétendus experts qui ne décollent pas des plateaux de chaînes d’information continue (j’avais écrit: contenue…), font les malins: ils déclarent « même pas mal! », ils bombent le torse comme des cadors, ils minimisent, ils estiment que c’est moins grave qu’une épidémie classique de grippe hivernale comme il y en a tous les ans, mais je ne peux m’empêcher de croire ce que je vois et non pas de voir ce que je crois: la Chine n’est pas du genre à confiner la ville de Wuhan, quinze millions d’habitants, si l’extrême gravité n’est pas avérée –c’est ce que doit et peut penser quiconque n’a pas renoncé à l’usage de sa raison ni à celui de son esprit critique.
Un pays dictatorial compte pour rien la mort de ses citoyens, mais pas celle des ressortissants des autres pays, non pas par moralité, mais par cynisme politique, industriel, commercial. La Chine n’aurait pas pris le risque d’être associée à une mauvaise image planétaire ( le pays d’où sort un virus inconnu et mortel associé à des pratiques culturelles atypiques -manger de la chauve-souris en soupe par exemple, sinon du pangolin, voire boire du venin mélangé à du sang de serpent sous prétexte que c’est aphrodisiaque…), de connaître une dégringolade économique mondiale, s’il n’y avait pas eu un véritable péril en la demeure.
Sur un plateau de télévision, le mardi 28 janvier, j’ai soutenu cette thèse en précisant que je trouvais étonnant que dans notre pays, si prompt à invoquer le principe de précaution édicté par Maastricht pour interdire les desserts fabriqués en famille et emportés à l’école pour fêter un anniversaire faute de traçabilité, on puisse ne pas décoder le message que la Chine envoyait en confinant la ville, puis la région de manière drastique.
Au dire des experts en tout, c’était prétendument le signe d’une gestion totalitaire de la crise. Mais ce pays n’est pas à dix mille morts prêt -depuis des décennies, la répression maoïste ou néo-maoïste témoigne que les gouvernants se moquent du trépas de leurs sujets! La Chine savait ce que nous ne savons pas mais dont pourtant nous aurions dû nous douter: il suffisait non pas de croire ce qui se disait, et qui s’est amplement trouvé amplifié par les médias qui reprenaient en chœur, mais de penser ce qui était fait au pays de Mao 2.0. Comme toujours, on a préféré croire un mensonge qui sécurise à une vérité qui inquiète.Lire la suite

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