Source : CADTM, Frédéric Lévêque, 01-01-2004
« A cette heure-ci, tout s’est déjà calmé », affirmait Carlos Andres Pérez (CAP). « Il ne faut pas s’alarmer pour la situation. Nous allons profiter de la crise pour créer du bien-être » [1], disait-il, rassurant, lors d’un discours devant des entrepreneurs, à l’Hôtel Hilton de la ville de Barquisimeto, Etat de Lara.
Le président Pérez était probablement mal informé mais n’imaginait certainement pas les conséquences qu’allaient avoir les événements des journées du 27 et 28 février 1989. Lui, leader incontestable du parti Acción Democratica et grand dignitaire de l’Internationale socialiste, entamant son second mandat à la magistrature suprême du Venezuela, ne pouvait deviner que le soulèvement des oubliés de la « démocratie » allait mettre un terme, quelques années plus tard, à sa carrière politique nationale et à un système relativement stable vieux de quarante ans.
La surprise
« La matinée à Caracas, ce 27 février, ne permettait pas de présager que quelque chose d’extraordinaire et encore moins catastrophique allait se passer. La Police métropolitaine (PM) se préparait pour un autre affrontement avec les étudiants cagoulés autour de l’Université centrale du Venezuela (UCV). C’était presque devenu routinier au cours des dernières semaines, » écrit Rafael Rivas-Vazquez, directeur, à l’époque, de la DISIP, la police politique vénézuélienne [2]. Les étudiants, mobilisés depuis plusieurs semaines, ne s’attendaient pas non plus aux événements qui allaient se dérouler et auxquels ils allaient participer, marginalement. La surprise fut aussi totale pour les « ultrosos », comme les appelle Rivas-Vazquez, à savoir les groupes d’extrême gauche Bandeja Roja, Desobediencia Popular, et Tercer camino. Ils « furent surpris autant que les organismes policiers et de sécurité ». Rien ne fut planifié, tout fut spontané.Lire la suite
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