Ce que j’ai appris au cours d’une journée passée avec Gideon Levy, le journaliste le plus controversé d’Israël. Par Robert Fisk

10Source : The Independent, Robert Fisk, 30-09-2018
Le journalisme et Israël sont intimement liés dans la vie de Gideon Levy. Sa relation d’amour-haine avec le journalisme se mêle à l’horreur que lui inspire la voie où s’est engagé son pays.
Gideon Levy dans son jardin. Photo Nelofer Pazira
Gideon Levy, le plus provocateur et le plus haï des journalistes de Haaretz, a quelque chose d’un philosophe-roi bien que, assis dans son minuscule jardin de la banlieue de Tel-Aviv, son chapeau de paille protégeant du soleil ses yeux bruns malicieux, il ait l’air sorti d’un roman de Graham Greene. Courageux, subversif, mais accablé ─ dans son style âpre et intransigeant – c’est le genre de journaliste qu’on vénère ou qu’on déteste. Les philosophes-rois à la Platon sont peut-être nécessaires à notre santé morale, mais pas bons pour le stress. Ainsi, pour avoir dit la vérité, des compatriotes israéliens l’ont menacé de mort ; et c’est là la récompense la plus prestigieuse qu’on puisse décerner à un journaliste.
Il adore le journalisme mais son déclin l’atterre. Son anglais parfait s’altère parfois quand il entre en fureur. Par exemple, quand il constate l’absence de réaction face aux informations des journaux : « En 1986, j’ai écrit un papier sur une bédouine palestinienne qui avait perdu son bébé après avoir accouché à un poste de contrôle. Elle avait essayé de traverser à trois points de contrôle (israéliens) différents, sans succès, et avait dû accoucher dans sa voiture. Les Israéliens ne l’avaient pas laissée amener le bébé à l’hôpital. Elle avait dû l’amener à pied (!) sur deux kilomètres jusqu’à l’hôpital Augusta Victoria de Jérusalem-Est. Le bébé en était mort. Quand j’ai publié cette histoire ─ je n’irai pas jusqu’à dire qu’Israël « a retenu son souffle », mais cela a causé un énorme scandale, le gouvernement en a discuté, et deux officiers ont été traduits en justice… »Lire la suite

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