La partie de poker géopolitique : où est la porte de sortie ? Par Alastair Crooke

Source : Sic Semper Tyrannis, Alastair Crooke, 29-03-2018
29 mars 2018
Au cœur de la présidence de Trump se trouve la notion d’Art de la Négociation. On dit que Trump a peu de convictions, mais sa conception de la manière de négocier – avec un gros bâton, un effet de levier maximal et des « menaces » crédibles suscitant la peur – est au centre de toute sa présidence. Elle sous-tend son programme de droits de douane et de protection de l’emploi américain ; sa prodigalité fiscale qui doit continuer à donner une contrepartie fiscale aux programmes sociaux, en échange de l’escalade des dépenses de défense « big stick » [« gros bâton », renvoie à la politique étrangère menée par le président Theodore Roosevelt au début du XXe siècle et visant à faire assumer aux États-Unis une place de véritable police internationale, NdT] ; et – bien sûr – elle sous-tend toute son approche géopolitique, en particulier en ce qui concerne l’augmentation des enjeux avec la Chine, la Corée du Nord et l’Iran.
Cette notion sous-jacente de « négociation » est essentiellement transactionnelle, la meilleure pratique étant une opération en tête-à-tête, plutôt que dans un contexte multilatéral. Mais dans le domaine de la géopolitique, ce n’est pas si facile. Dans les prochains mois, mais culminant en mai (toutes choses étant égales par ailleurs), Trump mettra à l’épreuve sa théorie de la négociation dans un contexte très différent de celui de l’immobilier new-yorkais. Le sommet nord-coréen devrait avoir lieu à ce moment-là ; le verdict sur l’accord nucléaire avec l’Iran devrait être prononcé à ce moment-là ; la déclaration de détermination israélo-palestinienne des États-Unis est prévue pour mai ; le rôle des États sunnites dans l’endiguement de l’Iran doit être fixé ; et tous les droits de douanes punitifs contre la Chine seront décidés et promulgués. Bien que ces questions soient apparemment sans liens, leur regroupement en mai les reliera les unes aux autres : un succès ou un échec dans l’une d’entre elles s’infiltrera dans des domaines parallèles.
Et à l’arrière-plan, bien sûr, il y aura toujours la détermination de l’establishment du renseignement occidental d’abattre le président Poutine et la Russie (l’affaire Skripal de Salisbury) et, en donnant une raclée à Poutine, de blesser Trump aussi, bien entendu.Lire la suite

Source