Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 23-10-2017
« Bis repetita non placent ». Ce qui est répété une seconde fois ne séduit plus. Les Français l’auront compris au moins depuis le discours d’ouverture de la semaine des ambassadeurs d’Emmanuel Macron1 et aujourd’hui lors de son intervention devant les forces de sécurité intérieure (500 fonctionnaires réunis à l’Élysée le 18 octobre 2017 à l’occasion de laquelle il déclare : « la première mission de l’État, c’est bien de protéger nos concitoyens et d’assurer la sécurité du territoire »2. Pour mémoire, rappelons que cette intervention initialement programmée à Lyon le avait été reportée sine die en raison de la convocation impromptue de la chancelière allemande à entretenir Emmanuel Macron du contenu de son discours sur l’Europe à la Sorbonne3 avant le dîner précédant le sommet européen sur le numérique de Tallin4.
Dans un contexte de menace terroriste croissante sur notre sol accompagné d’une augmentation exponentielle de ce que l’on qualifie pudiquement de « délinquance du quotidien » sans parler des trafics en tout genre, des vols et cambriolages, le discours du président de la République était attendu tant des praticiens que des analystes de la vie politique française. Après les discours aux ambassadeurs et aux préfets, ne manquait plus que cette intervention-instruction destinée aux policiers, gendarmes, militaires de l’opération « Sentinelle », préfets présents dans la grande salle des fêtes de l’Élysée mais aussi aux magistrats absents (ceux du parquet plus précisément qui sont désormais instruits de ne pas avoir la main qui tremble) pour couvrir un nouveau champ de l’action régalienne de l’État.
Quelles conclusions, y compris parcellaires, peut-on tirer de ce discours fleuve (grande spécialité jupitérienne) du 18 octobre 2017 ? Nous nous limiterons à trois principales : un président qui se situe délibérément dans le champ du régalien, un Jupiter en verve qui laisse le citoyen déboussolé après l’avalanche de mots, de propositions, de concepts qui le transportent dans le monde de la « pensée complexe » d’Emmanuel Macron.
UN PRÉSIDENT PARTICULIÈREMENT RÉGALIENLire la suite
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