Billet invité
La chaîne de télévision sur internet « Le Média » a été attaquée par une bonne partie de la presse « officielle » ou mainstream depuis ces derniers jours. Ces attaques se sont appuyées sur deux problèmes différends : le désaccord entre la chaîne et une de ses présentatrices, Mme Aude Rossigneux, et l’émission de M. Claude El Khal sur les combats qui ont lieu en Syrie, dans la région de la Ghouta. Au-delà du cas particulier de chacune de ces attaques, elles révèlent en réalité la défense forcenée d’un monopole et des privilèges qui y sont liés par la presse « officielle ». Elles témoignent de l’effondrement de l’esprit démocratique, remplacé par la simple défense des intérêts et des privilèges, dans cette dite presse.
De l’affaire Rossigneux et de son montage en épingle
Les attaques que Le Média a subi ont eu pour prétexte deux faits clairement distinct. Cette chaîne a décidé de mettre fin au contrat d’essai avec une journaliste-présentatrice, suite à un désaccord profond. Ce n’est guère étonnant compte-tenu de la jeunesse de cette chaîne, que n’émet que depuis le mois de janvier. On peut discuter à loisir des modalités, mais il est évident que si un désaccord majeur s’était fait jour, il ne pouvait y avoir d’autre issue que de mettre fin à la période d’essai de cette journaliste. Cependant, il faut souligner l’immense mauvaise foi dont ont fait preuve ceux qui ont prix prétexte de cet incident pour attaquer Le Média. Certains journaux ont publié des articles ne donnant que le point de vue de la plaignante et n’ont pas cherché à s’enquérir de celui de ses collègues restés en place, ni de la direction de Le Média. Ceci en dit long sur des comportements journalistiques où l’on confond désormais systématiquement « opinion » (et l’on a parfaitement le droit d’être opposé à la ligne politique de Le Média) et information. La carence en information invalide alors radicalement les opinions ! Ajoutons que certains ont eu l’audace de comparer le traitement réservé à Mme Rossigneux à celui qui avait été réservé à Mme Aude Lancelin lors de son éviction de L’Obs en 2016. Or, Mme Lancelin n’était pas juste arrivée dans cet hebdomadaire, mais y travaillait depuis des années et y occupait un poste de direction. Rien à voir au conflit entre Le Média et Mme Rossigneux. Cette dernière avait décidé de participer à l’aventure de la création de cette chaîne. Il s’est avéré que ses conceptions, en particulier en matière de présentation, différaient de celles des autres journalistes et responsables. Il était normal qu’elle ne soit pas confirmée dans son poste (et ceci sans préjuger des conditions dans lesquelles cela s’est fait). Dans le cas de Mme Lancelin on est à l’évidence devant une censure, et c’est fondamentalement différent. Que des professionnels se refusent de la comprendre, ou fasse mine de ne pas le savoir, montre simplement à quelles bassesses sont prêts ceux qui mènent une guerre idéologique ou, simplement, défendent leurs privilèges.