Source : Truthout, C.J. Polychroniou
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Nous prenons pour acquis que les États-Unis sont une démocratie, mais il est indéniable que le pays glisse rapidement vers l’autoritarisme depuis l’arrivée au pouvoir de Trump, et ce, en partie grâce à un mécanisme archaïque connu sous le nom de Collège électoral. La suppression par Trump des chiens de garde indépendants du gouvernement, ses attaques constantes contre les médias, sa rhétorique source de discorde, la façon dont il a géré la pandémie de coronavirus, sa décision d’envoyer des agents fédéraux pour écraser les manifestations et sa proposition de reporter les élections générales de novembre ne sont qu’un petit échantillon de la direction autocratique de Trump, mais ils en disent long sur le nuage noir qui plane sur les États-Unis. En fait, il est tout à fait concevable que le pire soit encore à venir, déclare le grand intellectuel de premier plan Noam Chomsky. Dans cette interview exclusive pour Truthout, Chomsky affirme qu’une « surprise d’octobre » de Trump ou de ses acolytes ne peut pas être exclue.
C.J. Polychroniou : Depuis son arrivée au pouvoir, Trump a pris diverses mesures pour gouverner comme un autocrate. Sa dernière tactique consiste à envoyer des agents fédéraux dans les villes pour écraser les manifestations. Pouvez-vous nous parler des objectifs politiques qui se cachent derrière les abus de pouvoir de Trump dans l’application de la loi et nous dire si tout cela a un précédent dans l’histoire moderne des États-Unis ?
Noam Chomsky : Le célèbre économiste James Buchanan, l’une des principales figures du « libertarianisme » à l’américaine [Le libertarianisme, aussi appelé libertarisme (à ne pas confondre avec libertarisme de gauche et libertaire), est une philosophie politique, développée principalement aux États-Unis et dans quelques pays anglo-saxons, pour laquelle une société juste est une société dont les institutions respectent et protègent la liberté de chaque individu d’exercer son plein droit de propriété sur lui-même ainsi que les droits de propriété qu’il a légitimement acquis sur des objets extérieurs,NdT], a observé dans son ouvrage majeur « Les limites de la liberté » que la société idéale devrait être en accord avec la nature humaine profonde, ce qui est logique. Puis vient la question suivante : Qu’est-ce que la nature humaine profonde ? Sa réponse a été très simple : « Dans un esprit strictement personnel, la situation idéale pour toute personne est celle qui lui permet une pleine liberté d’action et qui inhibe le comportement des autres de sorte à forcer l’adhésion à ses propres désirs. C’est-à-dire que chaque personne cherche à maîtriser un monde d’esclaves ».Lire la suite
Source