Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 04-12-2017
JUPITER ET LA FIN DE LA POLITIQUE AFRICAINE DE LA FRANCE ? Guillaume Berlat. Alors que l’Union européenne lui inflige un camouflet sur le glyphosate (grâce aux Allemands)1, que le pape François sillonne la Birmanie et le Bangladesh (pour s’informer sur le sort des Rohingyas2) et que la Corée du nord effectue un nouveau tir de missile intercontinental (elle déclare être puissance nucléaire)3, l’infatigable Emmanuel Macron arrive en Afrique (il avait rendu visite aux forces françaises au Mali au tout début de son mandat). Adresse à la jeunesse à Ouagadougou, « renouvellement du partenariat Europe-Afrique » au sommet d’Abidjan (écologie et sécurité) et incursion en Afrique anglophone pour faire bonne mesure à Accra sont au menu de la première tournée africaine du chef de l’Etat. Avant son arrivée au Burkina Faso, les forces françaises sont visées par une grenade. Ses communicants précisent, qu’une fois n’est pas coutume, le président adoptera une posture « d’humilité » dans son adresse à l’Afrique par laquelle il entend redorer l’image d’une France écornée4 et dont l’influence est partout en recul sur le continent5. Il est accompagné de trois ministres (Affaires étrangères, Éducation et Sports) ainsi que de sa représentante personnelle pour la Francophonie, Leïla Slimani6. Revenons sur les trois étapes de cette visite officielle !
LE DISCOURS DE OUAGADOUGOU : LA FIN DU NÉO-COLONIALISME ?
Le contexte général : une ambiance chaude. Arrivé à Ouagadougou le 27 novembre 2017, le président français s’entretient avec son homologue Roch Marc Christian Kaboré au palais de Kosyam. Il séjourne deux nuits dans ce pays qui n’est pas à l’abri du terrorisme islamiste7. Après son intervention à Ouagadougou, le président français inaugure à Zagtouli la plus grande centrale solaire d’Afrique de l’Ouest. Ce chantier a été financé par l’Union européenne (UE) et l’Agence française de développement (AFD). Il visite ensuite une start-up avant d’aller à la rencontre de la communauté française du Burkina Faso. Le président français a souhaité d’adresser à la jeunesse. Une demande qui a donné des sueurs froides aux autorités du pays. Le président burkinabè s’est rendu à plusieurs reprises sur le campus pour s’enquérir de l’organisation et de la sécurité en raison de l’agitation ambiante récurrente de la jeunesse. Tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes au Burkina-Faso. Comme dans bien d’autres pays africains.
Rappelons que lors de sa tournée, le chef de l’Etat a fait une série d’annonces, dont certaines étaient attendues de longue date par ses partenaires africains. Il s’est notamment engagé à déclassifier l’intégralité des documents français relatifs à l’assassinat de l’ancien président burkinabé Thomas Sankara. Il a également fait savoir qu’il ferait « tout pour faciliter » l’extradition au Burkina Faso de François Compaoré, le frère du président déchu burkinabé Blaise Compaoré, arrêté en octobre dernier en France dans l’enquête sur l’assassinat d’un journaliste en 1998. Autre mesure à forte portée symbolique, il a annoncé la restitution « temporaire » ou « définitive » dans les cinq ans d’œuvres d’art africaines, soulignant qu’il ne pouvait « accepter » qu’elles demeurent en France ou ailleurs en Europe.Lire la suite
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