Trump, fossoyeur du multilatéralisme et de la paix, par Guillaume Berlat

Source : Proche & Moyen Orient, Guillaume Berlat, 14-05-2018
« Les véritables accords sont les accords en arrière-pensées » déclarait Paul Valéry. Il signifie ainsi que les accords internationaux sont le résultat de compromis entre thèses opposées des parties signataires. Ils représentent un point d’équilibre nécessairement instable qui suppose la bonne foi de tous les participants pour être pérennes. Ils comportent toujours une part de dit (visible car écrit) et de non- dit (invisible car non écrit), parfois plus importante que la première. L’accord conclu le 14 juillet 2015 à Vienne entre les Cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (y compris l’Union européenne et l’Allemagne) et l’Iran ne déroge pas à la règle. En échange de l’arrêt de ses activités nucléaires à caractère militaire sous strict contrôle de l’AIEA, Téhéran obtient la levée progressive des sanctions qui lui étaient imposées depuis plus d’une décennie1. C’est ce que les juristes qualifient de contrat synallagmatique, accord qui comporte une obligation réciproque entre les parties.
Lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche (8 mai 2018), Donald Trump – fidèle à sa promesse de campagne – annonce le retrait américain de l’accord de Vienne (« dévastateur, terrible, pas équilibré, n’apportant aucune garantie de paix et qui n’aurait jamais dû être signé… ») et la signature du décret restaurant, voire renforçant les sanctions contre l’Iran2. Cette importante décision unilatérale doit s’apprécier au moins à quatre niveaux : américain, européen, français et moyen-oriental.
DIKTAT ET MÉPRIS DES USAGES INTERNATIONAUX
La décision de retrait de l’accord nucléaire iranien prise par le président américain doit être appréhendée dans sa dimension conjoncturelle et tactique mais, aussi et surtout, dans sa dimension structurelle et stratégique.Lire la suite

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