[RussEurope-en-Exil] Coralie Delaume et l’avenir des relations franco-allemandes, par Jacques Sapir

Le livre que vient de publier Coralie Delaume sur les relations franco-allemandes[1], mais surtout sur les causes et la fragilité de la domination allemande sur l’Union européenne vient à point nommé. Bien sûr, on pense immédiatement aux nombreux livres écrits sur ce sujet, que ce soit par J-P. Chevènement[2] ou par J-L. Mélenchon[3]. Le projet de Coralie Delaume est cependant différent. Il convient donc de la suivre dans son exploration des rapports entre la France et l’Allemagne mais aussi d’une certaine utilisation de l’Allemagne en France.

Le « modèle » allemand n’a jamais existé

Car, c’est bien là où git le problème. Il y a une utilisation particulière de l’Allemagne, une Allemagne fantasmée, à l’histoire réécrite, que décrit fort bien Coralie Delaume dans son premier chapitre. Les divers dirigeants réactionnaires de notre pays, Sarkozy, Hollande te Macron, se servent de cette réécriture de l’histoire économique allemande pour construire ensuite un « modèle allemand », au nom duquel ils cherchent à terroriser les français. Cet usage politique à des fins internes d’un modèle largement mythifié s’est, avec le temps, transformé en une soumission aux projets géopolitiques de l’Allemagne.
Alors il convient de rappeler que le relèvement économique de l’Allemagne doit énormément aux dépenses faites localement par les troupes d’occupation américaines (à une époque, l’immédiat après-guerre où le dollar est une denrée des plus rares), mais aussi au flux constant d’immigrants venus d’Allemagne de l’Est qui, jusqu’à 1961, vont apporter à l’Allemagne de l’Ouest une main d’œuvre à la fois bon marché et dont les coûts de formation ont été supportés par d’autres pays. Rappelons aussi que si les villes allemandes sont en ruines, une large partie de l’appareil industriel allemand n’a pas souffert, ce qui sera constaté par les experts américains dès l’été 1945. Ainsi, l’usine Volkswagen est quasiment intacte, et n’attendra que le bon vouloir des autorités de la zone britannique d’occupation pour redémarrer.Lire la suite

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