Mobilisation d’étudiants de Sciences Po Rennes contre la venue dans leur école de Mme Aliza Bin Noun, ambassadrice d’Israël

Ce jeudi 30 mars 2017, alors que Mme Aliza Bin Noun, ambassadrice d’Israël en France, devait prendre la parole dans le cadre d’une conférence organisée à Sciences Po Rennes, des étudiants de l’école sont intervenus pour dénoncer la politique de l’état d’Israël.
Un discours a été prononcé par plusieurs élèves, avant que ceux-ci annoncent quitter la salle de conférence, et invitent leurs camarades à en faire autant. Chose qui sera faite par une majorité des étudiants venus assister à la conférence.
Il faut dire que Mme Aliza Bin Noun a excercée la fonction de chef du Bureau politique du ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Liberman. Celui-là même qui déclarait tantôt qu’il fallait, je cite, « décapiter à la hâche les arabes israéliens qui ne sont pas fidèles à Israël ». Des propos rapportés à l’époque par Euronews et qualifiés de  « propos controversés et choquants ». C’est effectivement le moins que l’on puisse dire. Invitation donc très étonnante que celle-ci, au sein d’une école française en sciences politique.
Retranscription du discours :

Nous, étudiants de Sciences Po Rennes, déclarons que nous sommes fermement opposés à la tenue de cette conférence. Aliza Bin Noun s’est invitée au sein de notre établissement pour représenter l’Etat d’Israël, un état colonisateur gouverné par l’extrême-droite. Israël, la soi-disante seule démocratie au Moyen-Orient viole depuis des décennies le droit international et continue d’imposer un régime d’apartheid violent aux palestiniens en dépit de l’indignation internationale.
L’apartheid, nous le rappelons, designe un régime où une partie de la population subit des discriminations et une exclusion fondée sur des critères de race, d’ethnie ou de religion.  Ce mois-ci, l’Etat d’Israël ainsi que les Etats-Unis ont fait pression sur l’ONU pour supprimer un de ses rapports rédigés par deux américains spécialistes du droit international, Richard Falk et Virginia Tilley  concluant qu’Israël est coupable de politiques et de pratiques constitutives du crime d’aparatheid.
Ceci a conduit, en signe de protestation, à la démission de la secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Rima Khalaf. Quotidiennement, en Israël et dans les territoires palestiniens occupés les autorités israéliennes procèdent à des expulsions forcées ainsi qu’à des démolitions d’habitations palestiniennes en Cisjordanie alors qu’elles continuent d’y promouvoir ses colonies illégales. En 1974, on recensait 2019 colons israéliens en Cisjordanie, en 2013, ils étaient 500 000.
L’extension incessante des colonies israéliennes ne cesse de faire reculer la possibilité pour les Palestiniens d’avoir leur propre Etat. puisqu’elles induisent un morcellement de leur territoire, morcellement voulu par Israël. Cette dernière impose aussi des restrictions sévères à la liberté de circulation des palestiniens et maintient depuis 10 ans un blocus militaire sur la bande de Gaza imposant à 1,9 million d’habitants des conditions de vies inhumaines.
Depuis de nombreuses années, l’armée israélienne assassine des civils, y compris des enfants et jettent en prison celles et ceux qui osent défier leur occupation. Elle use de la torture en toute impunité sur ses détenus. Fréquemment, Israël exerce des attaques massives à l’encontre des palestiniens sous couvert de légitime défense. En 2009, avec l’opération Plomb Durci à Gaza, 1300 palestiniens sont morts, 5000 ont été blessés, pour 13 morts côté israélien. En 2014, 1460 palestiniens à Gaza ont péri sous les bombardements israéliens.
D’après le gouvernement israélien, 47% de ces morts étaient des « terroristes ». Le peuple palestinien est totalement démuni face à l’Etat israélien qui possède l’une des armées les plus puissantes du monde. Le budget annuel de l’armée israélienne en 2015 était de 18,6 milliards de dollars et il ne cesse d’augmenter. Ces dernières semaines, l’ambassade d’Israël que Mme Aliza Bin Noun dirige a multiplié les pressions sur plusieurs universités dans le but d’empêcher la tenue des évènements de l’international Apartheid Week qui devait se tenir partout en France.
Certains militants de l’Association France Palestine Solidarité ont été par la suite menacés de mort et de viol par des militants d’extrême-droite pro-Israël. Nous ne comprenons pas comment une représentante du gouvernement israélien peut s’octroyer le droit de parler au sein des universités françaises tout en niant celui des militants contre l’occupation israélienne à exprimer leur solidarité envers les palestiniens.
C’est la campagne de boycott international qui a réussi à venir à bout du régime d’apartheid en Afrique du Sud. Ainsi, nous exigeons l’abrogation de la circulaire interdisant la campagne BDS en France et nous revendiquons la nécessité d’un boycott total envers l’Etat d’Israël afin que les palestiniens et les palestiniennes puissent enfin accéder à la liberté et à la dignité, comme l’a dit Nelson Mandela « Notre liberté est incomplète sans la liberté du peuple palestinien ».
Ainsi, pour protester contre la politique d’Israël, nous vous demandons à tous et à toutes de bien vouloir quitter la salle, pour faire en sorte que cette conférence n’ait pas lieu. Si vous hésitez encore, sachez qu’Aliza Bin Noun ici présente, nie le terme de colonisation en Israël et a été la chef du bureau politique du ministre des Affaires étrangères, M. Lieberman, en 2012, qui déclarait, au sujet des prisonniers palestiniens : « Je propose de les transporter en autocar jusqu’à la mer morte pour les noyer ».
Merci à tous de quitter la salle, et merci de nous avoir écouté.

Un discours sans concession et auquel nous ne pouvons qu’adhérer.

Voici le discours, filmé par les étudiants eux-mêmes :

Une intervention qui n’a pas beaucoup plu dans les milieurs pro-israéliens, comme on peut le voir dans cet article de Jforum.fr. Un article très confus où l’auteur croit pouvoir dédouaner Israël des crimes commis sur les pays voisins, au prétexte que la guerre civile syrienne a fait plus de morts. Et comme toujours, l’amalgame extrêmement dangereux entre antisionisme et antisémitisme laissant penser que l’un serait l’égal de l’autre. Laissant penser que critiquer la politique d’extrême-droite de l’état d’Israël serait de l’antisémitisme, alors même que cette critique vient en premier lieu de la gauche israélienne elle-même, naturellement. Au risque majeur, enfin, de voir être dédiabolisé un antisémitisme qui ne serait finalement que de l’antisionisme. Démarche au combien grave et dangeureuse.
Nico Las (TDH)

 
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