Source : Linkedin, Christian Sommade, 20-03-2020
Nous sommes en pleine crise sanitaire et le temps de la polémique n’est pas « maintenant », mais j’ai quand même du mal à accepter de voir mettre au banc des accusés, les entreprises, organisations et personnes physiques qui ont été prévoyantes en faisant des stocks (souvent faibles) de masques de toutes natures. Il est « normal » que les personnes qui se sont préparées puissent utiliser LEURS masques. Nombreuses sont les familles qui ont des personnes vulnérables et les culpabiliser n’est pas digne d’un Etat responsable, qui a été irresponsable depuis 2011dans la préparation des grands risques sanitaires et dans la gestion de ses stocks stratégiques de masques et autres éléments. Je pense que la porte-parole du Gouvernement devrait revoir sa copie, surtout après avoir promu l’idée de la protection offerte par le masque au tout début de l’épidémie. C’est indigne, et toutes les personnes responsables que je connais partagent avec les soignants de proximité leurs faibles stocks, conscients de leur importance aujourd’hui. Il ne faut pas avoir honte de porter un masque dans les lieux publics.
Car, oui, les masque FFP2 et FFP3 protègent des particules et aérosols jusqu’à la taille du micron (0,35 pour les FFP3), et donc du COVID-19 qui fait la taille de quelques petits microns (200/500 nanomètres) et qui peut être aérosolisé sur quelques mètres et actif pendant quelques petites heures (1 à 3) suivant les conditions aérauliques de l’espace dans lequel il se disperse. Le masque est donc utile dans les espaces clos, dans l’incertitude des lieux et de leurs fréquentations par des porteurs asymptomatiques ou symptomatiques, un mètre de distance n’étant pas scientifiquement une garantie, mais il est vrai qu’on ne peut pas faire beaucoup mieux dans un lieu recevant du public. Donc, arrêtons avec « le masque ne sert à rien si vous n’êtes pas malade », bien sûr il peut éviter de tomber malade, encore faut-il savoir le mettre (masque et barbe : NON), l’enlever, en disposer avec soin, et mettre en œuvre les autres mesures barrières avec discernement. Mais bien sûr, les soignants en ont encore plus besoin que quiconque et c’est à l’État de fournir les hôpitaux, et non aux particuliers qui, eux, peuvent aider la médecine de ville. Les opérateurs de services essentiels ont eux aussi besoin de masques pour leurs personnels essentiels afin d’éviter que ceux-ci tombent malades.
Revenons à la question centrale très débattue ces jours-ci sur l’historique des commandes de masques pour les stocks stratégiques, car les explications sont assez ahurissantes. L’ayant vécu d’assez près avec d’autres que j’ai consulté ces derniers jours, je peux vous en donner une chronologie précise qui permettra de compléter les articles de presse qui ont relaté des éléments parfois vrais, parfois inexacts sur ce point.
En 2003, avec un industriel, les services des hauts fonctionnaires de défense du ministère de l’Economie et des Finances, puis de la Santé réfléchissent à doter la France d’une capacité de production de masques FFP2 et chirurgicaux en cas de pandémie, suite à l’épisode du SRAS. En 2005, les discussions démarrent avec cinq industriels pour arriver à un protocole d’accord qui sera signé en décembre 2005. Juste avant sa signature, une commission d’information de l’Assemblée Nationale, présidée par Jean-Marie Le Guen, en octobre 2005, a entendu les différents responsables publics et privés. Vous trouverez ci-dessous le lien pour relire ce rapport fort intéressant.[1]Lire la suite
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