Source : Les Echos, Olivier Tosseri, 30-03-2020
Dans la guerre contre le coronavirus, le Sud de l’Italie redoute d’être la victime de deux bombes : l’une sanitaire et l’autre sociale. Le Mezzogiorno concentre les régions les plus pauvres du pays aussi bien en termes économiques qu’en infrastructures. Pour calmer les tensions sociales qui sont apparues ces derniers jours, l’Etat a débloqué 400 millions d’euros en faveur des communes, pour financer des bons alimentaires destinés aux plus démunis. Mais c’est la tension dans les hôpitaux qui préoccupent les autorités. Si ceux du nord sont au bord de l’effondrement, qu’en sera-t-il de ceux du sud qui souffrent déjà en temps normal de carences humaines et médicales ? Les restrictions budgétaires de ces dernières années ont aggravé l’écart entre le nord -où l’on comptait 791 lits pour 100.000 habitants avant l’épidémie- et le sud, qui en compte moitié moins.
Impréparation
« Nous ne sommes pas prêts et nous sommes lancés dans une course contre la montre », est le cri d’alarme que ne cessent de répéter les gouverneurs des Pouilles, de Calabre ou de Sicile. Celui de Campanie a écrit au président du conseil et demandé l’envoi au plus vite des masques et des appareils d’assistance respiratoires promis par le gouvernement : « Agissez tout de suite, nous sommes à deux doigts d’une tragédie sanitaire ». Un constat partagé par le gouverneur des Pouilles qui n’a reçu que 9 respirateurs et ventilateurs sur les 220 attendus.
« Cette semaine sera décisive pour le Sud, affirme Italo Angellino, le président de la Siti (società italiana di igiene e medicina preventiva). On verra les résultats des mesures de confinement et surtout les éventuelles contagions provoquées par le retour de nombreuses personnes du Nord il y a deux semaines. Si nous arrivons à surmonter ce moment, ce sera un bon signal. Jusqu’ici, nous avons traversé une période de relative tranquillité sans gros foyers de l’épidémie. »Lire la suite