Le Covid-19 est aussi « une crise des droits humains »

Source : Le Temps, Stéphane Bussard
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres l’a souligné ces derniers jours. La pandémie de Covid-19 constitue une «crise économique, une crise sociale, une crise humaine». Avant d’ajouter: «Elle devient de plus en plus une crise des droits humains.» Depuis que nombre de pays ont décidé d’appliquer des mesures d’exception pour combattre la propagation du nouveau coronavirus, lequel a déjà infecté près de trois millions de personnes et tué plus de 207 000 autres à travers le globe, les dérapages se multiplient.

Droits indérogeables

Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet met en garde: «L’urgence ne doit pas être une arme utilisée par les gouvernements pour écraser la dissidence, contrôler la population, voire se maintenir au pouvoir.» La Chilienne rappelle les conditions que doit remplir un état d’urgence: les mesures prises doivent être «nécessaires, proportionnelles et non discriminatoires. Elles doivent aussi être limitées dans le temps et des garde-fous solides doivent être mis en place pour prévenir les excès.» Mais la haut-commissaire précise: il y a des droits auxquels on ne peut déroger en aucune circonstance. C’est le cas du droit à la vie, de l’interdiction de la torture et de mauvais traitements et le droit à ne pas être soumis à la détention arbitraire.
Georgette Gagnon est elle aussi inquiète: «Il y a une culture toxique du confinement dans certains pays.» Directrice des opérations de terrain au Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (OHCHR) à Genève, elle relève que dans certains pays les forces de sécurité et de police ont abusé de leur pouvoir pour mettre en œuvre des politiques de confinement imposé ou des couvre-feux. Elles ont parfois aussi procédé à des détentions arbitraires qui violent gravement les droits fondamentaux. Au Nigeria, relève Georgette Gagnon, entre mars et avril, 18 morts ont été recensés en raison de telles dérives.Lire la suite

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