Source : Sciences et Avenir, Dominique Leglu , 25-03-2020
« Pourquoi ne pas essayer l’hydroxychloroquine in vivo ? », autrement dit, cet anti-paludéen recommandé par le Pr Didier Raoult sur les personnes contaminées par le coronavirus, interroge Jean-Michel Claverie, professeur émérite de génomique et bioinformatique à l’école de médecine d’Aix-marseille. L’administrer, c’est peu ou prou pratiquer « de la médecine de guerre », comme il l’a déclaré à Sciences et Avenir. Et ce, lors d’une crise sanitaire due au coronavirus Sars-CoV-2 comme celle que nous sommes en train de vivre. Lors d’une atteinte de Covid-19, « c’est bien sûr le plus tôt possible qu’il faut administrer (cette hydroxychloroquine) pour enrayer l’évolution vers la pneumonie ». C »est ainsi qu’il s’exprime dans la « Revue politique et parlementaire », dans un article intitulé « Plaquenil : trop tard ne vaut pas mieux que jamais« . L’ancien directeur de recherche au CNRS, mondialement connu pour ses travaux sur les virus géants, récompensé en novembre 2019 avec Chantal Abergel par le prix Jaffé de l’ Académie des sciences, y dénonce comme une « absurdité des demi-mesures politiques guidées par la volonté de ne déplaire ni aux uns (le corps médical), ni aux autres (le grand public) (…) la décision récente qui restreint l’utilisation du Plaquenil aux malades en « état grave » (c’est-à- dire en pleine pneumonie) ». Rappelons que le Plaquenil est le nom commercial de l’hydroxychloroquine. Il a accepté de répondre aux questions de Sciences et Avenir.
Sciences et Avenir : Un essai clinique européen vient d’être décidé, où sera évaluée l’efficacité de l’hydroxychloroquine. Pourquoi y voyez-vous une absurdité ?
Jean-Michel Claverie : Ce qui me scandalise, c’est que d’ici aux résultats du test, on aura des milliers de morts. Mieux vaut de faux espoirs que de vrais morts. On sait que l’hydroxychoroquine est efficace in vitro pour détruire le virus, pourquoi ne pas l’essayer sur les malades du Covid-19 ? Et le plus tôt possible, sans attendre que la maladie soit à un stade sévère où les poumons sont déjà fortement atteints. On se dit, comme dans la médecine de guerre, on va essayer ça ! Quand les poumons sont trop abîmés, détruire le virus à ce stade est inutile.
Ce n’est pas très scientifique…Lire la suite
Source