Envoyé spécial : “Pour être antisémite, il faut être un salaud, mais en plus un imbécile” : l’itw de Robert Badinter

Source :France Télévisions, Envoyé spécial, 30-04-2019

Après la diffusion dans “Envoyé spécial” d’un reportage sur “l’antisémitisme au quotidien”, Elise Lucet reçoit Robert Badinter. L’ancien ministre de la Justice, adolescent pendant la Seconde Guerre, ami de Simone Veil, s’exprime longuement, avec force et émotion, sur la résurgence du “poison pour la société” qu’est l’antisémitisme, manifestation de “cette haineuse connerie : le racisme”.
Robert Badinter est l’invité d'”Envoyé spécial” après la diffusion d’un reportage sur “l’antisémitisme au quotidien”. Que lui inspire la résurgence des actes antisémites en France (ils ont bondi de 74% en 2018), au point que des Juifs de France redoutent d’habiter dans leur propre pays ? “D’abord une réaction d’indignation à l’égard de ceux qui les menacent, qui se livrent à ces agressions verbales, voire physiques, qui peuvent aller jusqu’au crime. Y compris, ces dernières années, les vieilles femmes qu’on jette par la fenêtre, y compris la petite fille tuée par Mohamed Merah d’une balle dans la tête.” C’est la même chose, souligne-t-il, très ému, qu'”un comportement de SS des Einsatzgruppen dans la forêt ukrainienne, qui abattent les Juifs parce qu’ils sont juifs. C’est d’abord cette résurgence-là qui fait naître chez moi cette rage. Je ne croyais pas que c’était possible”.
Qu’on s’en prenne au portrait de Simone Veil : “quelle profondeur de haine !” Comment imaginer voir, au XXIe siècle, un portrait de Simone Veil barré d’une croix gammée ? “Du côté des fanatiques que sont par définition les antisémites, tout est toujours possible. Ils s’attaquent au symbole, à quelqu’un qui incarne la condition si cruelle des Juifs au XXe siècle. Il ne faut jamais oublier son parcours si significatif, les camps de concentration, Auschwitz et, dans son cas, sa mère morte dans un camp, dans ses bras, rappelle celui qui était son ami. Elle a vécu là l’extrême limite de la détresse humaine. Qu’on s’en prenne à ce symbole-là… quelle profondeur de haine, quelle abjection !”Lire la suite

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