Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 23-03- 2020
« La critique est aisée mais l’art est difficile » (Philippe Néricault, de son nom de scène Destouches, 1732).
S’il convient de savoir raison garder afin de porter un jugement pondéré sur la gestion de la crise sanitaire d’une ampleur inconnue depuis bien longtemps, il ne saurait être question de rester coi2. En effet, le moins que l’on puisse dire est qu’entre l’imprévisible et l’impossible, il existe une marge. Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir ? Aujourd’hui, ce serait plutôt gouverner, c’est subir. Souvenons-nous que l’épidémie de coronavirus a débuté à la fin de l’année 2019 en Chine de manière paroxystique et nous sommes aujourd’hui, trois mois après. Il serait malhonnête de prétendre qu’elle nous a pris par surprise en ce début de printemps 2020 tant en France qu’en Europe.
Nos dirigeants n’ont, semble-t-il, pas prise la mesure d’un tel tsunami sanitaire lorsqu’ils nous prodiguaient de bonnes paroles semblables à celles que leurs prédécesseurs nous assenaient après la crise de Tchernobyl (le nuage radioactif s’était arrêté à la frontière française !). L’État comme puissance d’anticipation, comme levier et ressourcerie pour les défis à venir n’existe plus3. Mais, s’il y a faute lourde indéniable de la « Grande nation », pour ne pas dire naufrage collectif de la France donneuse de leçons, il y également faillite collective qu’il s’agisse de l’Union européenne ou de la Chine.
Les mécanismes de régulation tels que la mondialisation et le multilatéralisme n’ont malheureusement pas rempli leurs fonctions. Il est vrai qu’ils sont en crise depuis belle lurette et que nos dirigeants détournent pudiquement le regard depuis longtemps déjà.Lire la suite
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