Ce risque politique énorme que prend le gouvernement en ne limogeant pas le Préfet Lallement

Source : Atlantico , Arnaud Benedetti

Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a provoqué la polémique en déclarant que les personnes hospitalisées à cause du Covid-19 sont celles qui n’avaient pas respecté le confinement.

Atlantico : « Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui, au début du confinement, ne l’ont pas respecté », a déclaré le préfet de police de Paris, Didier Lallement, qui a rapidement provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux et dans la classe politique. En tant qu’expert en communication, que pensez-vous de ce dérapage (étant donné qu’il n’en est pas à son premier) ? Comment se fait-il qu’à part un court communiqué de Christophe Castaner le gouvernement ne se soit pas indigné ?
Arnaud Benedetti : Les provocations verbales du Préfet Lallement sont devenues un marronnier de la République. Elles infectent la parole d’Etat, elles abîment l’image des forces de l’ordre, elles nuisent à celle de ce grand corps qu’est le corps préfectoral, et dans les circonstances actuelles elles sont, il faut le dire, insupportables car elles sont fausses factuellement, appartenant au registre d’une forme de fake-news d’Etat, elles sont enfin insultantes moralement. Nous assistons de facto depuis le début de cette crise à un recul, sous couvert d’impératif sanitaire, de l’indignation citoyenne. Celle-ci au demeurant est stigmatisée au nom de la cohésion nationale que les autorités et un certain nombre d’éditorialistes « organiques » ne cessent d’invoquer à l’épreuve de la crise. Tout se passe comme si sous le choc du confinement, en quelques jours, la sidération acculturait une partie de l’opinion à une certaine « servitude volontaire ». Pour le dire simplement, nous remettons nos libertés dans les mains d’un « Léviathan » censé nous protéger. Cette atmosphère développe une sensibilité de résignation au pire, d’attentisme au mieux qui rend peu audible pour le moment les paroles de questionnement. Le Préfet par ses mots aussi stupides qu’inconvenants a laissé parler un inconscient d’Etat particulièrement préoccupant. Il s’est cru autorisé par cet arrière-fond à monter d’un cran dans l’échelle de la transgression dont il est coutumier. Ceci étant, l’expression restant libre, les réseaux sociaux aidant aussi, l’énormité de ses déclarations a provoqué un tollé salutaire. D’où le communiqué de presse de son ministre qui a fait le service minimum en matière de rappel à l’ordre. C’est très nettement insuffisant car cela apparaît comme un artifice communicant visant à couvrir un comportement indécent.
Quels sont les risques – à court terme comme à long terme – de cette parole pour le gouvernement ? Doit-il débarquer Didier Lallement afin de tenir le cap ?Lire la suite

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