L'épopée des Lip : à l'origine de l'autogestion - Pourquoi ont-ils tué Lip ?

En 1973, les salariés de l'usine Lip, menacés par un plan social, ont tenté d'inventer un autre rapport au travail. « C'est possible, on fabrique, on vend, on se paie » À l'origine de l'autogestion : l'épopée des Lip ( France Culture, 3 juillet 2020, 5:36 )

Liberté, épanouissement dans l'entreprise, autogestion... Un vœu pieux ? En 1973, les salariés de l'usine Lip, menacés par un plan social, ont tenté d'inventer un autre rapport au travail. À lire : Pourquoi ont-ils tué LIP ?, Guillaume Gourgues, Claude Neuschwander, Raisons d'Agir éditions, 2018 À voir : Puisqu'on vous dit que c'est possible, Chris Marker, 1973

Pourquoi ont-ils tué Lip ?

Guillaume Gourgues et Claude Neuschwander

De la victoire ouvrière au tournant néolibéral

En 1973, les ouvrières et ouvriers de l'usine horlogère Lip à Besançon s'opposent aux licenciements qu'on leur promet : occupation, confiscation du stock de montres, redémarrage partiel de la production, organisation des premières paies ouvrières. En mars 1974, au terme d'un conflit au
retentissement mondial, devenu un véritable mythe du mouvement social, leur entreprise redémarre, relancée par un consortium d'actionnaires emmené par Antoine Riboud et soutenu par l'État. Les licenciements sont évités. C'est la victoire ouvrière.
Mais deux ans plus tard, c'est la faillite. Ceux qui avaient relancé Lip accusent alors Claude Neuschwander, qu'ils avaient placé à la tête de l'entreprise, d'en être le principal responsable. Celui-ci clame pourtant haut et fort que la décision de liquider Lip est un choix politique : le patronat et l'État ont-ils délibérément interrompu la relance ? Ont-ils tué Lip et, si oui, pourquoi ?
Cet ouvrage propose de suivre l'hypothèse d'une mise à mort politique de l'entreprise horlogère, en la réinscrivant dans un tournant néolibéral qui la dépasse et l'explique. Engagés dans un travail commun, explorant des séries d'archives inédites, Claude Neuschwander et Guillaume Gourgues, chercheur en science politique, retracent ici méticuleusement cet épisode majeur de l'histoire du capitalisme français qu'a été la relance de Lip.
Considérer la fin de Lip comme le résultat d'une stratégie délibérée débouche sur une lecture nouvelle de l'ordre néolibéral actuel qui s'enracine précisément dans cette seconde moitié des années 1970. Cet ouvrage rappelle que le fonctionnement de l'économie se fonde largement sur des choix politiques, et que les licenciements n'ont pas toujours été considérés comme une inévitable loi du marché ou une variable d'ajustement nécessaire de la compétitivité des firmes.

Lip Roland Vittot Besançon 3 février 2018 ( jean-françois cullafroz, 6 février 2018, 10:00 )

En 1973, à Besançon, Lip annonçait son dépôt de bilan. La CFDT, syndicat majoritaire dans l'entreprise de montres, en accord avec les salariés décidait de poursuivre l'activité avec leurs propres forces.
Cette lutte sous le slogan "C'est possible, on fabrique, on vend, on se paie" a conduit à la reprise par Claude Neuschwander, un dirigeant proche du PSU.
Cette expérience innovante durera trois ans.
Avec Charles Piaget, Roland Vittot était un des militants qui animaient la lutte où la mise en application d'une réelle démocrate ouvrière et participative fut exemplaire.
Roland Vittot, adhérent de la CFTC depuis 1987 puis de la CFDT à partir de 1968, était aussi un militant du PSU et un chrétien membre de l'action catholique ouvrière, tout comme son ami Piaget.
Il raconte comment cette action a été préparée de longue date par un travail syndical en profondeur, où mai 68 contribua largement.
Propos recueuillis par Laurent Villette et Jean-François Cullafroz

Montre LIP : Maison horlogère Française - HorloStory ( LeCalibre, 5 février 2020, 11:30 )

Découvrez l'histoire des montres LIP : Une maison horlogère Française ancrée dans l'histoire.

Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/lip-autogestion.jpg

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