Ouvertures – par Frédéric Lordon

Source : Le Monde Diplomatique – Frédéric Lordon
Il n’y a pas de plan tout armé. Il n’y a que des exercices de méthode, et de conséquence. D’abord poser ce que nous tenons pour nos orientations fondamentales ou nos urgences catégoriques. Ensuite, enchaîner logiquement nos idées à partir de là, c’est-à-dire en tentant autant que possible de les tenir à la hauteur de ce que nous avons posé.
Or nous disposons d’un point de départ très assuré : le capitalisme détruit les hommes, et il détruit la planète (et par-là re-détruit les hommes, mais d’une autre manière). Nous en tirons immédiatement les impératifs directeurs d’une autre organisation sociale : 1) dans le processus nécessairement collectif de la reproduction matérielle, les individus sont convoqués en égaux : ils n’ont pas à être soumis à des rapports de subordination hiérarchique qui les maltraitent ; 2) une organisation sociale digne de ce nom se donne pour devoir de relever chacun de l’inquiétude de subsistance et de lui garantir, dans des conditions collectivement déterminées, la plus grande tranquillité matérielle sur toute la vie ; 3) la production globale, si elle est nécessaire, est décrétée a priori ennemie de la nature, donc subordonnée, dans cette mesure, à de rigoureux compromis, ce qu’on exprimera autrement en disant que l’activité économique doit tendre à sa propre minimisation relative.
La position de ces principes rencontre alors, d’une part la contrainte de l’état présent des choses, notamment des forces sociales en présence, et d’autre part celle qui pèse sur les déplacements « anthropologiques » possibles, à mettre en face des déplacements requis, pour soutenir un régime économique tout autre, qui puisse être considéré comme collectivement désirable, donc politiquement viable.

La question des — de toutes les — échelles

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