Erdogan menace : « Bientôt, des millions de migrants afflueront vers l'Europe »

Le Président turc a déclaré que l'Europe « prendra sa part du fardeau » en évoquant les frontières de son pays avec l'Europe que la Turquie a ouvertes dans la nuit du 27 au 28 février, après la mort de 33 soldats turcs en Syrie rapporte le journal Hürriyet Voici un résumé des événements qui conduiront peut-être à une nouvelle crise des réfugiés : Cela fait des mois que les forces loyales au gouvernement syrien, appuyées par l'aviation russe, ont intensifié leur offensive sur Idlib. La Turquie qui dispose de 12 postes d'observation dans la province d'Idlib, était, semble-t-il, prête à accepter la reprise d'une partie de la province d'Idlib par les forces loyalistes mais ne peut pas accepter que la totalité de la province tombe entre les mains de Damas, non seulement parce qu'il perdrait une carte importante dans sa politique syrienne, mais aussi parce que la population déplacée n'a d'autre choix que de se diriger vers la frontière turque, alors que la Turquie accueille déjà sur son sol 3,5 millions de réfugiés syriens qu'elle cherche à relocaliser en Syrie. Le président turc a évoqué le 3 février le chiffre d'un million de déplacés se dirigeant vers la frontière turque pour échapper à l'offensive. Ankara a donc accusé Moscou de ne pas respecter les accords conclus entre les deux pays pour éviter une escalade. De son coté, Moscou a reproché à Ankara de ne pas avoir respecté ses engagements, notamment de ne paz avoir dissocié les terroristes de l'opposition armée, prête à dialoguer avec le gouvernement dans le cadre d'un processus politique. De fait, ce sont les djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham ((anciennement connu sous le nom de Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda) qui dominent plus de la moitié de la province d'Idlib et des secteurs attenants dans celles d'Alep, de Hama et de Lattaquié. L'avancée des troupes syriennes paralyse Ankara dans la mesure où plusieurs de ses postes militaires se retrouvent encerclés. Prétextant vouloir se porter au secours de ses forces assiégées, l'armée turque a dépêché sur place des renforts en hommes et en matériel. Dès le 30 janvier, des unités turques blindées y ont été déployées. La présence militaire turque a été rapidement multipliée par dix en quelques semaines. Ankara a donné au gouvernement de Bachar el-Assad jusqu'à la fin du mois de février pour faire reculer ses troupes aux lignes définies lors des accords de Sotchi. « La bataille pour la libération des provinces d'Alep et d'Idlib se poursuit, indépendamment des discours criards vides qui viennent du nord », a lancé le président Assad, en guise de réponse à l'ultimatum de la Turquie voisine. De nombreux combats ont eu lieu, les troupes turques et les rebelles pro-turcs ont perdu près d'une centaine d'unités de véhicules blindés, écrasés par l'aviation militaire russe et syrienne. Des combattants du groupe Hayat Tahrir al-Cham ont lancé le 27 février une attaque contre les positions des forces gouvernementales syriennes. Ces dernières ont riposté, tuant 33 soldats turcs ( les frappes ont d'abord été attribuées à la Russie avant d'être imputées à Damas). Après un revers aussi sévère, le président turc Recep Tayyip Erdogan se retrouve dos au mur et se tourne vers ses alliés occidentaux, entre menaces et appels à l'aide.

Les appels à l'aide : Ankara avait qualifié les faits d'« attaque » contre l'Otan, sollicitant des consultations au niveau des ambassadeurs des pays membres de l'Alliance. Ankara a appelé la communauté internationale à mettre en place une zone d'exclusion aérienne dans la région d'Idlib. Le président Erdogan a également demandé aux Etats-Unis de déployer des missiles Patriot à la frontière avec la Syrie. Les menaces : la Turquie a actionné son ultime moyen de pression sur les Européens : déclencher un afflux massif de réfugiés syriens vers l'Europe. Ces menaces proférées dès jeudi soir, à la suite d'un conseil de sécurité extraordinaire présidé par M. Erdogan, ont été réitérées vendredi. Dans le même temps, les médias turcs, largement contrôlés par le pouvoir, diffusaient des images non vérifiées montrant des groupes de Syriens, des Irakiens et des Pakistanais avançant en courant vers ce qui était présenté comme la frontière grecque. « Nous ne retiendrons plus ceux qui veulent se rendre en Europe », a déclaré vendredi matin un officiel turc cité par l'Agence France-presse sous couvert d'anonymat. La police, les gardes-côtes et les gardes-frontières auraient reçu l'ordre de ne pas empêcher les réfugiés d'atteindre l'Europe par voie terrestre ou maritime. Ouvrir les portes de l'Europe aux migrants est une menace récurrente d'Ankara, qui touche un point sensible. L'Europe vit dans la crainte d'une nouvelle crise migratoire, après celle de 2015 qui avait vu un million de Syriens affluer sur le continent. Samedi soir, l'ONU avait chiffré à au moins 13.000 le nombre de migrants massés le long de la frontière entre la Grèce et la Turquie. L'Union européenne a exprimé samedi sa "préoccupation", se disant prête à fournir une aide supplémentaire à la Grèce et à la Bulgarie, frontalières de la Turquie, qui se sont barricadées. La Turquie attend des propositions concrètes de la part de la France et de l'Europe pour résoudre la question des réfugiés syriens, a indiqué le président Erdogan. Après le décès de ses 33 soldats, la Turquie a annoncé le début de frappes aériennes et terrestres contre les troupes syriennes. L'armée turque affirme que les attaques menées depuis en représailles prenaient le nom de « l'opération Bouclier de printemps » et avaient pour but de « mettre fin aux massacres du régime et empêcher une vague migratoire ». Ce dimanche 1er mars, deux avions Soukhoi Su-24 syriens ont été abattus par un F16 de l'armée turque dans les zones tenues par Damas.
Le chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie a ensuite fait savoir que la sécurité des avions turcs ne peut pas être garantie par les forces armées russes dans le ciel au-dessus de la zone d'Idlib. En outre, six drones appartenant à l'armée turque ont été abattus par les systèmes de défense aérienne syrienne selon le ministère syrien de la Défense. De son côté, le département d'État américain a déclaré son soutien à la Turquie. Un groupe aéronaval de la Marine américaine, dirigé par le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69), est entré le 29 février en mer Méditerranée par le détroit de Gibraltar, indique le site Web Marine Traffic, lequel permet de suivre en direct le trafic maritime à travers le monde. La Marine américaine indique sur son site que le groupe mène une opération pour assurer la sécurité maritime dans les eaux internationales. Un sénateur russe, Alexeï Pouchkov, a commenté cette démarche des États-Unis sur son compte Twitter et selon lui, le porte-avions américain qui navigue en direction de la Syrie est un signe de « soutien à la Turquie ». Il a par ailleurs rappelé que l'ancien ambassadeur des États-Unis à Moscou, Jon Huntsman, avait qualifié ce porte-avions de « cent mille tonnes de diplomatie ».
Sur fond d'aggravation de la situation à Idlib en Syrie, deux frégates russes Amiral Makarov et Amiral Grigorovitch dotées d'armes de précision – des systèmes de missiles Kalibr-NK – se sont rendus en Méditerranée par les détroits turcs du Bosphore et des Dardanelles. Les deux frégates effectuent une traversée planifiée de Sébastopol vers la haute mer où elles intègreront le groupe permanent de la Marine en Méditerranée", a précisé le porte-parole, Alexeï Roulev. Il n'a pas précisé dans quelle zone les frégates se rendent mais les navires effectuant cette route soutiennent en général l'effort de guerre russe en Syrie. Selon l'ancien commandant de la Flotte russe de la Baltique Vladimir Valouïev, l'arrivée des frégates russes a pour mission d'assurer l'équilibre des forces. Il estime par ailleurs que les frégates peuvent utiliser leurs missiles pour protéger les positions russes en Syrie.
Sources : -RT -France 24 -Le Monde -Sputnik
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/erdogan-refugies-syrie.jpg

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