L’effort permanent pour exonérer Wall Street de la crise financière de 2008

Source : The Intercept, Malaika Jabali & Ryan Grim, 17-12-2019
Un lotissement à Rio Vista, en Californie, une ville au bord de la faillite après l’effondrement du marché immobilier, le 20 novembre 2008. Photo : Justin Sullivan/Getty Images
DEPUIS l’effondrement de 2008, il y a eu un effort continu pour revisiter les événements historiques et sortir Wall Street de la crise financière. Le dernier en date de ce récit est un nouveau document de travail, publié par la Federal Reserve Bank of Philadelphia, qui soutient que les vrais criminels étaient, après tout, ces opportunistes du rafistolage lucratif de maisons rendus célèbres par le livre de Michael Lewis et le film « The Big Short » qui a suivi.
La nouvelle étude se concentre sur ce que ses auteurs appellent les « investisseurs frauduleux » : des personnes qui ont obtenu des hypothèques pour des maisons de rapport dans lesquelles elles n’ont jamais eu l’intention de vivre, bien qu’elles aient affirmé qu’elles le feraient. Imputer la responsabilité de la crise hypothécaire aux bricoleurs qui ont accepté de prendre l’argent qui leur était donné par les banques serait semblable à blâmer des étudiants trompés pour avoir contracté des prêts massifs auprès de facultés frauduleuses à but lucratif.
Pendant la récession, les conservateurs se sont accrochés à l’argument selon lequel la crise était causée par la cupidité des futurs propriétaires, laissant entendre – et souvent affirmant carrément – que la crise résultait des mauvaises décisions des familles à faible revenu, en grande partie minoritaires. Dans un rapport de contrôle du Congrès de 2009, le député Jeb Hensarling, de R-Texas, a accusé, entre autres causes, les gens qui « ont simplement fait de mauvais choix […] et ont surestimé leur degré de préparation à l’accession à la propriété ». Il a ajouté ces emprunteurs à sa liste d’autres, y compris ceux qui commettent des fraudes hypothécaires. Pendant qu’il était au Congrès, M. Hensarling a recueilli des milliers de dollars auprès du secteurs des prêts sur salaire à peu près au moment où l’on s’attendait à ce qu’il agisse sur les politiques affectant le secteur, il a critiqué avec véhémence le Bureau de la protection des consommateurs et a mené une croisade pendant des années pour déréglementer Wall Street après le krach. Il est maintenant cadre supérieur chez le géant bancaire UBS, tandis que plusieurs de ses anciens employés ont rejoint le CFPB [Consumer Financial Protection Bureau, organisme gouvernemental de protection des consommateurs, NdT], où ils ont entrepris de le démanteler.Lire la suite

Source