En 1347, l'Europe va connaître la plus grande épidémie de peste de son histoire. Elle se répand partout, sur tous les territoires, dans toutes les maisons, à travers toutes les couches de la population. Comment faire alors pour limiter la propagation de l'épidémie ? Comment cette maladie a-t-elle modifiée la face de l'Europe et même du Moyen âge ? « Nota Bene » explique les tenants et les aboutissants de cette catastrophe dans ce bel épisode. Outre les transformations sociales induites par la peste qui ont été mentionnées dans la vidéo, on pourrait rajouter la naissance du capitalisme et du système monde. La peste noire a contribué au passage d'une économie de subsistance à une économie capitaliste qui finira par s'affranchir des principes religieux et traditionnels qui régissaient les sociétés européennes et qui fera sauter sur le long terme toutes les entraves juridiques et morales des époques antérieures qui étaient vues par les marchands comme des obstacles à détruire pour libérer le commerce et répondre le plus efficacement possible à l'impératif de croissance. La peste noire a en effet provoqué une crise du féodalisme qui a entrainé une baisse généralisée des revenus seigneuriaux. Avec la disparition de plus du tiers de la population, jamais les paysans n'ont été autant en position de force : d'un côté ils étaient peu nombreux et de l'autre les terres inoccupées étaient en grande quantité, ce qui leur permettait de s'approprier ces terres à bas prix et de négocier les rentes seigneuriales à la baisse. Face à cette paysannerie européenne qui a pu acquérir une meilleure position, le pouvoir féodal va répondre de plusieurs façons à son affaiblissement selon les lieux : -En France, la noblesse va obtenir de la couronne le droit de bénéficier d'une partie des prélèvements monarchiques par l'achat de charges judiciaires. On va assister au terme de ce processus à une centralisation des pouvoirs féodaux autour de la monarchie. -En Angleterre, la noblesse va entamer des cycles d'enclosure pour retrouver son niveau de prélèvement d'avant la crise. Une partie de la paysannerie sera expropriée des communs et va migrer vers les zones urbaines pour y subsister par le travail salarié. Cet exode rural va engendrer le développement de Londres et des villes du nord de l'Angleterre dans lesquelles vont se constituer des manufactures et des fabriques dans le secteur des textiles et qui vont donner naissance à une nouvelle organisation du travail ne s'appuyant plus sur la coutume et qui sera plus tard le moteur de l'industrialisation. Cette noblesse anglaise qui a réussi à concentrer la propriété foncière en s'accaparant des communs va louer ses terres à des fermiers qui vont recourir à une main d'œuvre salariée pour produire le plus compétitivement possible des denrées agricoles et du coton pour le marché concurrentiel de la laine à destination des Flandres et de Londres. Ainsi de nouvelles relations sociales (propriétaires des moyens de productions / salariés) vont progressivement se substituer aux anciennes (seigneurs / paysans). Les barrières douanières locales et les monopoles seront abolis, le marché anglais sera ainsi unifié et caractérisé par la concurrence généralisée et les impératifs de productivité et de compétitivité. Le capitalisme est né. -Dans d'autres pays comme l'Espagne ou le Portugal, la noblesse part en quête de nouveaux espaces de domination et d'expansion, et finance des expéditions maritimes vers l'Afrique puis l'Amérique. Ce mouvement va entamer les débuts de la conquête du monde par l'occident, de la traite négrière, du colonialisme et donnera naissance à terme à « l'économie monde capitaliste » ( voir l'article sur Immanuel Wallerstein). Source : Nota Bene
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/grande-peste-nota-bene.jpg
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