Remarques de Kelly Craft, ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, le 6 décembre 2019, lors d'une conférence de presse au sujet de la présidence américaine du Conseil de Sécurité. Avec un commentaire de Hassan Nasrallah. Source : https://usun.usmission.gov/remarks-by-ambassador-kelly-craft-at-a-un-press-conference-on-the-u-s-program-of-work-for-the-december-security-council-presidency/ Traduction : lecridespeuples.fr Un trait commun aux valets de l'Empire est ici manifeste, tant pour le ‘journaliste' à la solde de Paris et de Riyad que pour Kelly Craft, ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Canada, ayant succédé à l'inénarrable Nikki Haley à l'ONU en septembre 2019 : en plus de ne pas savoir qu'il faut faire semblant d'être neutre pour le journaliste, ou ce qu'il faut taire pour Craft, ils sont tellement incompétents qu'il leur est très difficile de faire des phrases correctes ; et Craft est tellement consciente de son insuffisance que durant les questions-réponses, elle demande systématiquement de l'aide à ses voisins. Transcription : […] Vous savez, j'ai déclaré dans bon nombre de mes remarques que les États-Unis avaient soutenu Israël par le passé ; nous sommes avec eux aujourd'hui, et nous serons avec eux demain. Et il n'y a pas de meilleur ami (pour Israël) que Kelly Craft, et je continuerai à le dire à chaque occasion. Nous sommes… Nous sommes tous en faveur d'une solution mutuellement convenue (au conflit israélo-palestinien). Cependant, en ce qui concerne les réunions du Conseil (de Sécurité), je ne vais pas accepter le statu quo où Israël est l'objet de critiques implacables et partiales. Cela ne me convient pas. Enfin, le 19 décembre, le Conseil (de Sécurité) se réunira pour un exposé axé sur la non-prolifération (nucléaire) et les défis posés par l'Iran. Ce sera une occasion importante pour le Conseil de démontrer son engagement à appliquer la résolution 2231 (l'accord sur le nucléaire iranien, abrogé par Trump), en particulier compte tenu de la poursuite d'actions par l'Iran qui sont en violation directe des termes de cette résolution. Et comme nous le savons tous, dans toutes les régions où il y a eu beaucoup de conflits et de manifestations, que ce soit au Yémen, en Syrie, dans toutes les régions, en Irak, l'Iran est là. Ils doivent rendre des comptes. Ce sont des acteurs néfastes. Nous n'avons vu aucun mouvement indiquant qu'ils essaient de changer leur comportement. Et ce n'est pas acceptable pour nous, pas une seconde, surtout lorsque l'on regarde le Yémen et cette crise humanitaire, et la manière dont l'Iran soutient continuellement les rebelles Houthis et empêche les personnes mêmes que nous sommes là pour protéger. […] Journaliste d'Al-Jazeera : Juste, rapidement, une action, une déclaration sur l'Irak ? Kelly Craft : Je pense que la principale déclaration sera que… que nous sommes très préoccupés par le gouvernement… l'usage de la force par le gouvernement contre le peuple, le peuple qui… qui est en train de vouloir que leur voix soit entendue, et ça va être notre message au sein du Conseil (de Sécurité). Nous avons eu une rencontre robuste au sujet de l'Irak, et je pense qu'il est important que… que leurs dirigeants… heu… comprennent que… que… c'est… ce n'est pas acceptable pour nous, que le gouvernement prenne des mesures contre les manifestants, et… nous voulons qu'il y ait une solution pacifique là-bas… mais ce n'est pas… c'est… c'est… une zone où le gouvernement doit se retirer et permettre à ces gens de… d'avoir des manifestations pacifiques. (A son assistant) Tu veux développer ce point ? Journaliste de France 24 : Pouvez-vous parler du Hezbollah au Liban, le Hezbollah utilisé par l'Iran comme une force coercitive contre les manifestants pacifiques au Liban, et le Hezbollah joue un rôle dans la guerre en Syrie, et ailleurs au Moyen-Orient, pouvez-vous réagir à ce problème s'il vous plaît ? Merci. M. Schalchter, assistant de Kelly Craft : Vous avez oublié de vous présenter. Journaliste de France 24 : Je… Je m'appelle Ali Barada, pour France 24 et Al-Sharq al-Awsat, un journal… c'est un journal saoudien, merci. Kelly Craft : Vous savez… Merci. Et… Et… Et une fois de… Vous savez, et encore une fois, c'est l'Iran. Et comme vous l'avez dit, ils… Que ce soit avec le Hezbollah, le… L'Iran est un acteur néfaste. Et tant que nous n'obtiendrons pas (satisfaction)… la campagne de pression maximale continuera de faire pression sur l'Iran, et nous allons (continuer à) voir des bouleversements, que ce soit au Liban, en Syrie, au Yémen, où que ce soit. Nous prenons cela très sérieux, et nous avons encore d'autres moyens (que ces manifestations) que nous utiliserons contre l'Iran, s'ils continuent ce comportement malsain. M. Schalchter, assistant de Kelly Craft : Nous avons le temps pour deux (questions de plus)… Pardon ? Kelly Craft : Je ne… Parce que je veux… Je lui dois une réponse plus élaborée. Michael, avez-vous quelque chose (à ajouter) ? Je pense que c'est une question très importante, et je pense que… M. Barkin, assistant de Kelly Craft : Non, je pense que tu as très bien dit que le Hezbollah est un problème, et que le soutien de l'Iran pour le Hezbollah continue de… de… de nourrir cela. […] *** Commentaires du Secrétaire Général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, au sujet de ces déclarations, dans un discours du 13 décembre 2019 consacré à la crise économique et politique au Liban. Transcription : […] De manière générale – cela ne concerne pas seulement le Liban, mais s'étend à tous les pays dans le monde –, lorsque, dans n'importe quel pays ou Etat, se produisent des mouvements de contestation, des manifestations, des sit-in, ou n'importe quel type de mouvement populaire, on voit que les Etats-Unis s'y ingèrent rapidement, même s'il n'ont à la base aucun lien avec ce mouvement, ces manifestations ou ces révolutions ou soulèvements populaires. Cela est valable pour le monde entier. Mais lorsque quelque chose de ce genre se produit dans n'importe quel pays ou Etat du monde, on voit que les Etats-Unis s'empressent d'essayer d'instrumentaliser ces mouvements de contestation, manifestations ou mouvements populaires à leur service, pour leurs propres intérêts, et non au service des intérêts des peuples qui manifestent et protestent, et afin de réaliser leur propre projet, le projet (hégémonique) américain, et non pas ce à quoi aspirent les manifestants et les mouvements de contestation. Ils surfent sur la vague des manifestations et des protestations, et ce de manière ouverte et impudente, et se montrent aux yeux du monde comme ceux qui dirigent ces manifestations et ces mouvements de contestation, que ce soit vrai ou faux. Et ils annoncent leur soutien et leur aide à ces mouvements, ces manifestations et ces mouvements de contestation, et leur disposition à leur apporter aide et soutien. Mais en vérité, ils n'apportent aide et soutien que dans la mesure où cela sert les intérêts américains et leurs projets, et où cela répond aux conditions qu'ils posent. C'est là un principe général valable partout, que nous avons vu durant le Printemps arabe, que nous voyons en Amérique Latine, à Hong Kong, dans les pays d'Asie et d'Europe, et même chez les pays amis et alliés des Etats-Unis. C'est là un comportement systématique des Etats-Unis. Venons-en maintenant au Liban pour voir comment s'y applique cette règle générale. Et nos frères des autres pays du monde et de notre région qui vivent des situations similaires peuvent également procéder de la même manière. Au Liban, après le 17 octobre, date du lancement des mouvements de contestation et des manifestations dans plusieurs places et régions libanaises, déclenchées par la décision erronée du gouvernement au sujet de certains impôts et taxes. Je parle du rôle des Etats-Unis : très tôt, après quelques jours seulement, nous avons entendu de longues déclarations de [Jeffrey] Feltman (sous-Secrétaire Général américain aux Nations Unies et ancien ambassadeur des Etats-Unis au Liban), et des Libanais ont été invités au Congrès US et ont apporté des témoignages qui exprimaient leurs vues personnelles. Puis, une chose menant à une autre, nous avons entendu les déclarations du Secrétaire d'Etat américain, de ses assistants, de membres du Congrès, qui se sont exprimés, ingérence (manifeste dans nos affaires), et ont fait connaître leur avis, leurs limites, leurs conditions, analysant et décrivant les choses. Et bien sûr, tout cela a été accueilli de manière silencieuse (par les adversaires du Hezbollah au Liban), comme si cela ne constituait pas une ingérence dans les affaires internes libanaises. Jusqu'aux déclarations de la représentante des Etats-Unis au Conseil de Sécurité de l'ONU il y a quelques jours, et à ce qu'a déclaré le Secrétaire d'Etat américain Pompeo. Je tiens à commenter de manière directe ces deux dernières déclarations. Dès le début, les Etats-Unis ont supposé que ces manifestations au Liban… Laissez-moi seulement rappeler ce qu'ils ont dit. Commençons par les propos de Kraft, la représentante US à l'ONU : « Les manifestations et les bouleversements vont se poursuivre, que ce soit au Liban, en Syrie, au Yémen, dans quelque endroit que ce soit où se trouve l'Iran. » Elle ne dit pas « Dans quelque endroit où il y a de la corruption, des revendications légitimes, du chômage, des crises économiques et sociales, de l'oppression, etc. » Elle ne dit rien de tel, en aucun cas. Elle a dit que « Les manifestations et les troubles vont se poursuivre, que ce soit au Liban, en Syrie, au Yémen, dans quelque endroit que ce soit où se trouve l'Iran […], tant que notre politique de pression maximale ne portera pas ses fruits. » C'est-à-dire que tant que la politique américaine de pression maximale n'aura pas porté ses fruits, les troubles doivent se poursuivre. Elle poursuit : « Nous avons d'autres moyens (que ces manifestations) que nous utiliserons contre l'Iran. » Cela signifie que ces troubles font partie des moyens de pression employés par les Etats-Unis. Ce sont eux qui le disent, ce n'est pas une simple accusation que je lance. Ce sont les Etats-Unis qui considèrent les manifestations et les mouvements de contestation au Liban, en Irak, en Syrie, et ils parlent même du Yémen, comme des instruments de pression sur l'Iran, des instruments entre leurs mains, et ils ont d'autres moyens à leur disposition pour faire pression sur l'Iran afin qu'il cesse son (prétendu) mauvais comportement (soutenant les milices). […] Soutenez ce travail et contournez la censure en partageant cet article et en vous abonnant à la Newsletter.
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/manif-irak-liban-contre-iran.jpg
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