Les gens importants ont souvent la mémoire courte . Par Guillaume Berlat

Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 28-10-2019
« Les gens importants ont souvent la mémoire courte » (proverbe chinois). Qui se souvient encore des quolibets adressés par un Occident sûr et dominateur, il y a peu encore, au nouveau Tsar, Vladimir Poutine lorsqu’il décidât, en 2015, d’engager ses troupes en Syrie pour sauver le soldat Bachar mais, au passage, pour réimplanter la Russie dans la zone ? Qui se souvient encore des propos du comique ministre des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI), Laurent Gaffius d’août 2012 annonçant la fin prochaine du régime du bourreau de Damas ? Qui se souvient encore des ratés (dans un premier temps, une sorte d’incrédulité) et des bourdes occidentales (dans un second temps, une guerre héroïque pour éliminer le tyran Kadhafi…) lors des premiers balbutiements des mal nommés « printemps arabes » fin 2010-début 2011 ? Qui se souvient des armes distribués manu larga par ces mêmes Occidentaux aux groupes terroristes (les petits gars qui faisaient du bon boulot sur place, pour reprendre la formule célèbre de Laurent Fabius) pour qu’ils chassent Bachar Al-Assad du pouvoir et y installe un régime démocratique, laïc, attaché au libéralisme et aux fameuses valeurs occidentales ?
Un constat d’évidence s’impose : le monde a profondément changé depuis, et plus particulièrement en cette année 2019. Certains experts évoquent la fin d’un monde, en particulier pour l’Occident. Une page qui vient d’être définitivement tournée. L’Occident qui a désormais tout loisir de méditer sur les raisons de sa défaite cuisante dans la région : « l’étrange défaite », pour reprendre le titre de l’ouvrage de Marc Bloch. Voudra-t-il en tirer toutes les conséquences qui s’imposent pour éviter que la défaite ne se transforme en débâcle ? La Russie peut, elle au contraire, savourer sa victoire incontestable. Un retour en arrière s’impose pour comprendre l’étendue de la défaite occidentale et la portée de la victoire russe opérée en quatre années d’intenses activités de toutes sortes. Comme souvent, on ne comprend le présent qu’à travers une connaissance du passé – surtout dans l’Orient compliqué – et on anticipe l’avenir qu’à travers une réflexion libre qui combine histoire et géographie. Exercice vain et inutile pour Jupiter et toute sa clique de courtisans qui confondent les lois de la finance et celles de la diplomatie qui n’ont pourtant rien à voir, qui confondent stratégie et communication.
UNE DÉFAITE CONSOMMÉE DE L’OCCIDENT
« On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par la défaite » (proverbe japonais)Lire la suite

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