Routes de la soie : Du rêve au cauchemar… Par Guillaume Berlat

Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 05-08-2019
« Demain la Chine dominera le monde : ni rien ni personne ne pourra lui barrer la route » (citation d’un internaute, Franck Ntasamara, 1975). Maintenant que la Chine s’est éveillée et que l’empire du Milieu vient à notre rencontre, sommes-nous prêts à l’accueillir ? Et dans l’affirmative, à quelles conditions : soumission ou réciprocité ? Le projet pharaonique chinois dit des « Routes de la soie » (« Belt and Road Initiative ou BRI) est aujourd’hui particulièrement bien documenté par une kyrielle d’experts reconnus. Il traduit clairement la volonté chinoise de transformer sa puissance économique en puissance militaire et diplomatique. Jour après jour, nous découvrons les dernières ramifications de la toile que tisse méthodiquement Pékin en Asie1, en Europe de 2000 à 208, Pékin a investi 55 milliards de dollars aux Royaume-Uni, deux fois plus qu’en Allemagne et en France)2, au Moyen-Orient et en Afrique. Projets d’infrastructures gigantesques que le monde découvre avec effarement. Seuls les Chinois semblent capables de relever pareils défis technologiques et financiers. Mais aussi stratégiques : diluer les règles du jeu européennes, instaurer un « nouveau type de relations internationales », engagement dans un « plan d’action postalliance » basé du de nouveaux « partenariats » avec de « nouveaux amis ». Toutes choses qui pourraient conduire à une « nouvelle polarisation du monde », « repolarisation floue ».
Souvenons-nous, en lieu et place de céder à la tentation de la surprise stratégique, que « l’éternité est faite de trois dimensions, celle du passé, celle du présent, celle de l’avenir ». Et, c’est bien dans ce contexte spatio-temporel qu’il importe de replacer le projet déjà bien avancé des « Routes de la soie », un projet stratégique (« il faut avoir les yeux ouverts : la Chine est un concurrent, pas un partenaire », Michael Fallon, ancien ministre britannique de la Défense). « Les Chinois préfèrent devenir de plus en plus forts, si forts que leur adversaire renoncera à les affronter » souligne l’expert des questions stratégiques, Graham Allison ! Et, pourquoi pas de se livrer à un exercice ambitieux de prospective qui frise la politique fiction ? En faisant preuve d’imagination débridée – confessons-le -, l’on pourrait le comparer à une valse à trois temps, à une histoire d’amour (de désamour) à trois temps. Lançons-nous dans cet exercice incongru dans cette période de pensée cadenassée et aseptisée ! Nous passerons successivement du temps de l’admiration à celui de la soumission avant de parvenir à celui de la répulsion qui peut parfois conduire au divorce le plus sordide dans lequel tous les coups même les plus bas sont permis.
LE TEMPS DE L’ADMIRATION SANS BORNES
Avec l’Empire du milieu, le rêve chinois de déverser ses bienfaits économiques sur tous les États se situant sur les fameuses « Routes de la Soie », devient au fil des ans, et comme par un coup de baguette magique, une réalité tangible. Il prend corps.Lire la suite

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