La fable de l’inflation trop basse, prétexte au maintien de taux d’intérêt négatifs. Par Hannoun Hervé

Source : Le Blog Mediapart, Hannoun Hervé, 24-05-2019
Après dix années de politiques monétaires ultra accommodantes, les Banques centrales du G7 se heurtent à la résistance des marchés financiers à la normalisation de ces politiques. Le thème de l’inflation trop basse est utilisé de façon biaisée dans la littérature de marché pour faire obstacle à la nécessaire normalisation monétaire et à la décrue de prix d’actifs artificiellement gonflés.
Depuis 2014, la littérature des marchés financiers répète aux citoyens européens que l’inflation est trop basse, alors même que ces derniers ont une perception contraire, l’inflation ressentie étant plus élevée que celle mesurée par Eurostat. Ce thème de l’inflation trop faible sert à justifier la prolongation de la politique de stimulus monétaire extrême (à travers des taux d´intérêt nominaux négatifs) conduite depuis 5 ans par la BCE. Le maintien de cette politique n’est pas dans l’intérêt de la majorité des citoyens de la zone euro, mais favorise les patrimoines élevés. On va voir pourquoi.
INFLATION TROP BASSE ?
D’abord, de quoi parle-t-on? La BCE a pour mission d’assurer la stabilité des prix. Une inflation annuelle de 1,7%, telle qu’estimée pour avril 2019, est parfaitement conforme au mandat. Toute inflation annuelle comprise entre 0 et 2% est conforme au mandat de stabilité des prix. Pour prétendre que l ‘inflation est trop basse, la BCE doit se référer à sa définition (non prévue par le Traité) de la stabilité des prix, qui est une inflation inférieure à, mais proche de 2%. Il a suffi que l’inflation annuelle de la zone euro revienne de 2,1% en septembre 2018 à 1,4% en mars 2019 (puis 1,7% en avril 2019) pour déclencher des pressions des marchés sur le thème de “l’inflation trop basse” visant à obtenir le maintien du stimulus monétaire extrême introduit depuis 2014 par la BCE. Cette baisse de l’inflation a pourtant des effets positifs. Par exemple en France, c’est en partie grâce à la baisse de l’inflation (de 2,2 % en septembre 2018 à 1,3% en avril 2019) que le pouvoir d’achat des ménages, selon la dernière note de conjoncture de l’INSEE, est reparti à la hausse et atteindrait près de 2% à la mi 2019.Lire la suite

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