L'histoire comprend deux parties en politique, ce qui dépend de nous, de nos agissements et de nos idées et ce qui ne dépend pas de nous (action des autres, des gouvernants, des lobbyistes). Dans tout ce qui ne dépend pas de nous, nous ne pouvons rien y faire. Aussi, concentrons-nous sur le travail à élaborer pour que soit reprise en main la situation dans notre pays et dans le monde. Un travail de longue haleine est nécessaire auprès des masses, afin de préparer et réussir une action décisive au moment décisif. Et lorsque la situation se présentera, en se référant à « De la Guerre » le livre de chevet des apprentis officiers durant des générations, il faudra alors avoir ce que Karl von Klausewitz appelait le « coup d'œil », car en temps d'effondrement, notamment de crise financière, il y aura toujours un moment où se présente une ouverture politique par une courte fenêtre, et le but sera de saisir l'instant en s'engouffrant dedans avant que l'occasion ne s'échappe définitivement. Pour information, les oligarques financiers avaient prévu et déclenché quelques mois à l'avance la crise de 1929 (Eustace Mullins) comme celle moindre en France de 2007, un délai de quelques mois à chaque fois avant que les choses deviennent effectives, c'est-à-dire, le temps qu'ils se mettent eux-mêmes à l'abri avec leurs ressources. On se doute bien que l'idée de déclencher cela une nouvelle fois, d'autant plus après l'effet Gilets Jaunes, et même avant. C'est ce dont a parlé de multiples fois Jacques Attali à la télévision contre les peuples qui refuseraient explicitement le mondialisme. C'est plus que jamais d'actualité. Hongbing Song dans son livre « La guerre des monnaies : La Chine et le nouvel ordre mondial » publié en 2013 le démontre en un résumé dense. Lors de cet effondrement, ils prévoient déjà la réaction que nous appellerons « fasciste » par commodité, sauf qu'ils prétendent pouvoir la contrer ou le cas échéant la vaincre par derrière. Ce qui n'est en rien certain, car lorsque les gens verront leurs biens menacés et tout le mal que leur a fait ce monde dégénéré, il ne manquera plus que le rapport de forces pour s'imposer d'un côté comme de l'autre. Leur seul avantage, et il est de poids, c'est que la situation dépend d'abord d'eux pour l'instant et qu'ils ont, comme les bons joueurs d'échecs, quelques coups d'avance. Soyons en conscient ! À propos de « ce qui dépend de nous », Épictète (un philosophe de la Grèce antique disciple du stoïcisme) invite dans son Manuel avec comme trame principale de reconnaître l'impossibilité pour l'homme de contrôler ce qui ne dépend pas de lui, ainsi il devra se concentrer sur ce qui est sous son contrôle c'est-à-dire son âme, seule partie libre de son être. Son raisonnement a été repris ensuite par Saint Nil d'Ancyre au IVe siècle sous une forme toute différente, car chrétienne. Voici ci-après le chapitre 1 de son Manuel :
« Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d'autres non. De nous, dépendent la pensée, l'impulsion, le désir, l'aversion, bref, tout ce en quoi c'est nous qui agissons ; ne dépendent pas de nous le corps, l'argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi ce n'est pas nous qui agissons. Ce qui dépend de nous est libre naturellement, ne connaît ni obstacles ni entraves ; ce qui n'en dépend pas est faible, esclave, exposé aux obstacles et nous est étranger. Donc, rappelle-toi que si tu tiens pour libre ce qui est naturellement esclave et pour un bien propre ce qui t'est étranger, tu vivras contrarié, chagriné, tourmenté ; tu en voudras aux hommes comme aux dieux ; mais si tu ne juges tien que ce qui l'est vraiment -et tout le reste étranger-, jamais personne ne saura te contraindre ni te barrer la route ; tu ne t'en prendras à personne, n'accuseras personne, ne feras jamais rien contre ton gré, personne ne pourra te faire de mal et tu n'auras pas d'ennemi puisqu'on ne t'obligera jamais à rien qui soit mauvais pour toi. À toi donc de rechercher des biens si grands, en gardant à l'esprit que, une fois lancé, il ne faut pas se disperser en œuvrant chichement et dans toutes les directions, mais te donner tout entier aux objectifs choisis et remettre le reste à plus tard. Mais si, en même temps, tu vises le pouvoir et l'argent, tu risques d'échouer pour t'être attaché à d'autres buts, alors que seul le premier peut assurer liberté et bonheur. Donc, dès qu'une image ou une représentation viendra te troubler l'esprit, pense à te dire à son sujet : « Tu n'es que représentation, et non la réalité dont tu as l'apparence. » Puis, examine-la et soumets-la à l'épreuve des lois qui règlent ta vie : avant tout, vois si cette réalité dépend de nous ou n'en dépend pas ; et si elle ne dépend pas de nous, sois prêt à dire : « Cela ne me regarde pas. »
Même le principe de décohérence, théorie issue de la physique quantique ne dessine pas autre chose à propos de ces « deux camps ». S'il nous est donné pour conclure de faire un parallèle avec la société cosmopolite fracturée, ajoutant par la même ce sujet d'actualité brûlante telle que la substitution de population, à côté de celui de la nécessaire prise de pouvoir. Donc, ce qui est observable dans cette science c'est que : au niveau quantique, c'est-à-dire infinitésimal, microscopique, les atomes, les molécules s'agitent dans tous les sens, se mêlent et semblent n'avoir aucune cohérence entre elles, jusqu'au niveau autre que quantique où tout se stabilise et donne une matière stable, par exemple une barre de fer. C'est ce que l'on désigne sous le nom de principe de décohérence. Nous pouvons établir une analogie avec les sociétés humaines qui, à l'échelon des personnes, dans le quotidien, donnent la vision d'un monde agité, sans cohérence, dans lequel les individus de différents opinions, de différentes origines se croisent, interfèrent. De même pour la politique nationale et internationale. De jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois, des décisions multiples, parfois opposés sont prises par les gouvernements. Et pourtant, sur le temps long, toute cette agitation se stabilise en une ligne directrice, claire, nette, déterminée. On peut observer également ce type de déterminisme, qui n'apparait pas ou est oublié sur le court terme, mais qui apparaît de manière fulgurante sur le long terme à travers les guerres franco-allemandes des 150 années écoulées.. En 1870 l'Alsace est perdue ; les 40 années qui suivent sont marquées par un apaisement à travers diverses péripéties au point que les peuples semblent apaiser leurs différends, accepter l'ordre existant. Pourtant, sur le demi-siècle, le déterminisme oppositionnel commande toute l'histoire. En 1914 cela se manifeste à travers la volonté de Poincaré qui n'apaise pas le conflit austro-serbe et enfin les Allemands veulent reprendre ces territoires germanisants en 1939. Nous pouvons en dire autant à propos de l'opposition millénaire entre chrétienté et islam. Cette césure détermine toute l'histoire de l'Europe et de l'Orient en dépit de périodes d'apaisement, d'ententes réelles ou supposées. En émettant l'idée d'une société unie non cosmopolite, nous en sommes au stade de mélange incohérent, indécis, car les gens de nos jours ne savent plus vraiment qui ils sont, entre la haine de soi des « souchiens » et le déracinement des « pièces d'importation » (allogènes nés sur le ou les sols européens), mais le même phénomène se produira en réaction au moins par communautarisme. Pourtant, à un moment ou à un autre, le déterminisme millénaire s'imposera et permettra une lecture claire, sans ambiguïté de l'histoire et des événements. C'est logique, et ajoutons que : déjà qu'assembler une société est compliqué à cause de la nature humaine difficile, insatisfaite, pécheresse ; rien ne sert d'y ajouter de la complexité avec le cosmopolitisme qui vient faire de multiples fractures ethniques dans une même société. Idées tirées de l'entretien de mars 2019 avec la Revue Militant :
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