[RussEurope-en-Exil] Réalités et dilemmes de la croissance en Russie, par Jacques Sapir

Le Séminaire Franco-Russe sur les Problèmes Monétaires et Financiers a tenu sa 56ème session à Moscou, dans les locaux de l’Institut de Prévision de l’Economie les 6, 7 et 8 février 2019. Les discussions ont porté sur les problèmes du développement de la Russie, mais aussi sur les évolutions économiques des pays de l’Europe occidentale (France et Italie), de l’économie régionale, et sur la question de l’intégration des pays d’Asie Centrale. Les principales discussions ont porté sur l’analyse de la situation actuelle en Russie, qu’il s’agisse des problèmes macroéconomiques que des problèmes des différents secteurs (avec un coup de projecteur particulier sur les secteurs des hydrocarbures et des transports) et les questions du développement régional. Compte-tenu de l’intérêt tout particulier que présente la question du développement de la Russie, c’est sur cette question que l’on insistera, en présentant un résumé des interventions des principaux participants.

La question de la croissance

Comme à l’habitude, c’est le Président de l’Institut de Prévision, M. l’académicien V. Ivanter, qui a ouvert les débats. Son rapport, faisant suite à l’exposé qu’il avait présenté en septembre dernier à Paris[1], s’est ainsi intéressé à la croissance de l’économie russe, à partir de la révision, qui a surpris certains analystes[2], des chiffres de la croissance, chiffres qui ont été révisés à la hausse de 1,5% à 2,3% par l’agence des statistiques ROSSTAT.
Cette révision à la hausse du taux de croissance doit être remise en perspective. Rien n’a changé fondamentalement dans la situation de l’économie russe, même si on a assisté à une certaine accélération de la croissance aux troisième et quatrième trimestres de 2018. Mais, cela a des conséquences sur les débats de politique économique comme l’a montré M. Ivanter. La politique économique qui a été suivie depuis un an et demi a donné une certaine stabilité à l’économie. Le bloc économico-financier du gouvernement russe peut ainsi affirmer que l’on a atteint une stabilisation macro-économique. Mais certains se demandent en quoi cette stabilisation se distingue de la stagnation ? En fait, pour l’académicien V. Ivanter, les caractéristiques de cette stabilisation sont claires. Il y a d’abord une faible inflation. Même si on peut avoir des doutes sur le chiffre de l’inflation (2,9% ou 3,2%[3]), il est clair que l’on n’est plus autour de 10%. Ces chiffres recouvrent des moyennes, et ces moyennes, très naturellement, peuvent être ressenties différemment par la population.

Graphique 1

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