Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 17-12-2018
« Il faut que le diplomate ait de l’avenir dans ses vues ». Cette maxime de Talleyrand semble avoir été perdue de vue de nos jours dans le domaine de la protection de l’environnement. Depuis décembre 2015, la lutte contre le réchauffement climatique tombe de Charybde en Scylla. Depuis le brillant succès français de la COP21 au Bourget en décembre 2015 (sous la présidence experte de Laurent Gaffius, l’homme au marteau vert)1 au cours duquel 190 pays s’étaient engagés à limiter le réchauffement de la planète au-dessous de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, les exercices se suivent et se ressemblent. Le même robinet d’eau tiède. Les mêmes déclarations insignifiantes. Les mêmes communiqués de presse triomphants. Des paroles creuses mais pas de mesures significatives pour enrayer durablement le réchauffement inexorable de la planète. Les deux dernières éditions, qu’il s’agisse de la COP 22 (en 2016 à Marrakech)2 ou de la COP23 (en 2017 à Bonn sous présidence fidjienne)3 furent un fiasco comme ceci était largement prévisible.
La COP24 pouvait-elle raisonnablement échapper à la loi de séries ? Après Poznan en 2008 et Varsovie en 2013, la Pologne accueille, pour la troisième fois, la conférence annuelle sur le climat, dite conférence des États parties ou COP. Le pays ne se distingue pourtant pas pour sa politique en faveur de la protection de l’environnement. Peut-être s’agit-il là d’une forme d’hommage du vice à la vertu ? Les représentants de près de deux cents pays se sont retrouvés le 3 décembre 2018 à Katowice en Pologne pour deux semaines de discussions dans le cadre de la COP24 destinée à surmonter les divergences politiques abyssales afin de lutter – en théorie efficacement et non par l’incantation – contre le réchauffement climatique en réduisant le recours aux énergies fossiles.
Mais, il y a loin de la coupe (les paroles diplomatiques) aux lèvres (les actes concrets). Soulignons que la réunion de Katovice se déroule dans un contexte peu propice à de sérieuses avancées sur la question du réchauffement climatique. À maints égards, l’exercice relevait de la quadrature du cercle, faut-il le reconnaître. La chronique d’un échec annoncé accompagné par Emmanuel Macron évoluant du panache au chaos. Le pire désaveu est celui que l’on s’inflige à soi-même. Le président est assis sur un volcan.
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