Invité de France 24, le sociologue Mathieu Bock-Côté estime que le Pacte de Marrakech, qui vient d'être approuvé par 150 pays à l'ONU (dont la France), pose les bases normatives et philosophiques d'un droit à la migration. Il redoute en particulier la volonté manifeste de contrôler le discours public sur les migrations, de restreindre l'espace de la parole publique légitime dans le débat sur l'immigration.
Voici quelques passages du Pacte (à lire ici), qui illustrent les craintes de Mathieu Bock-Côté : Préambule, § 10 :
Le Pacte mondial est le fruit d'un examen sans précédent de données et d'éléments de preuve recueillis au moyen d'un processus ouvert, transparent et inclusif. (...) Nous avons appris que les migrations font partie intégrante de la mondialisation, reliant entre elles les sociétés d'une même région et d'une région à l'autre et faisant de nous tous des pays d'origine, de transit et de destination. (...) Nous devons en outre mettre à disposition de tous les citoyens des informations objectives, claires et fondées sur des données factuelles au sujet des avantages et des difficultés que présentent les migrations, en vue de démonter les discours trompeurs qui donnent une image négative des migrants. (...)
Objectif 16 : Donner aux migrants et aux sociétés des moyens en faveur de la pleine intégration et de la cohésion sociale
(...) nous entendons : a) Promouvoir le respect mutuel des cultures, des traditions et des coutumes entre les communautés d'accueil et les migrants grâce à l'échange et à la mise en œuvre de pratiques optimales en matière de politiques, programmes et activités d'intégration, y compris en ce qui concerne les moyens de promouvoir l'acceptation de la diversité et de faciliter la cohésion sociale et l'inclusion ; (...)
Objectif 17 : Éliminer toutes les formes de discrimination et encourager un débat public fondé sur l'analyse des faits afin de faire évoluer la manière dont les migrations sont perçues
(...) nous entendons : c) Promouvoir une information indépendante, objective et de qualité, y compris sur Internet, notamment en sensibilisant les professionnels des médias aux questions de migration et à la terminologie afférente, en instituant des normes déontologiques pour le journalisme et la publicité et en cessant d'allouer des fonds publics ou d'apporter un soutien matériel aux médias qui propagent systématiquement l'intolérance, la xénophobie, le racisme et les autres formes de discrimination envers les migrants, dans le plein respect de la liberté de la presse ; (...) f) Favoriser les campagnes de sensibilisation à l'intention des communautés d'origine, de transit et de destination, le but étant d'amener le public à considérer les effets positifs qu'ont des migrations sûres, ordonnées et régulières, sur la base d'éléments tangibles et de faits, et de mettre un terme au racisme, à la xénophobie et à la stigmatisation à l'égard de tous les migrants ;
Samuel Laurent, journaliste chez les "Décodeurs" du Monde, dénonce sur Twitter la "fausse nouvelle" consistant à dire que le Pacte de Marrakech tendrait à interdire la critique de l'immigration massive dans la presse. Pourtant, au vu des citations qui précèdent, on est en droit d'être dubitatif. Il est en effet question de ne plus subventionner les médias hostiles aux migrations, autrement dit de les faire mourir. Ce n'est certes pas une "interdiction", mais c'est tout comme. Il est par ailleurs dit clairement que les médias devront servir à donner une image (seulement) positive des migrations. Cela s'appelle de la propagande.
Toute cette phrase est fausse : aucune histoire de "mêmes droits sociaux" dans le traité, aucune "interdiction" de la critique de l'immigration. Et 6 pays ne ont pas un tiers de l'UE qui en compte 27. Lire : https://t.co/Q0q6eKIfho https://t.co/IyCD3PDTa0 — Samuel Laurent (@samuellaurent) 11 décembre 2018
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/Mathieu_Bock-Cote.jpg