Décryptage du clip gouvernemental pour les Européennes

Il ne dure que 30 secondes mais c'est une pépite en termes de com.

En mai 2019, l'Europe changera. En votant, vous décidez comment ! #ÉlectionsEuropéennes #OuiJeVote ?? pic.twitter.com/ZXHofMQ0Q7 — Gouvernement (@gouvernementFR) 26 octobre 2018

Pas mal, n'est-ce pas ? D'abord, la musique : c'est une boucle basique de sept notes dont 3 différentes avec un son synthé et un léger effet reverb. La répétition de deux des trois différentes notes (toutes jouées à intervalle rythmique identique), l'extrême brièveté de la mélodie et sa redondance, son caractère descendant et l'effet sonore utilisé pour accompagner le basculement d'une image à l'autre... tout cela crée une sensation désagréable, celle de l'imminence d'une catastrophe, une sensation d'angoisse qui ne retombera qu'à la fin, une fois que le spectateur aura digéré ces 30 secondes de propagande et tiré de lui-même les conclusions que les auteurs du clip et leurs commanditaires escomptent. 4 thèmes Les questions qui s'affichent sur le fond d'images sont à l'instar de l'accompagnement sonore : d'une concision extrême :

  • Immigration : Maîtriser ou subir ?
  • Climat : Agir ou ignorer ?
  • Emploi : Partenaires ou concurrents ?
  • Europe : Union ou division ?

Voilà donc les 4 thèmes illustrés avec des séquences d'image rapides. Avant de les reprendre un par un, on peut déjà noter le caractère binaire des propositions et une ressemblance plus que troublante avec... le discours macronien. Ceci explique que certains partis (le moribond Parti Socialiste) demandent le retrait de ce clip aussi grotesque que les campagnes de lutte contre le racisme. Premier thème donc, l'immigration. On assiste à une séquence composée de sept extraits : bateaux de migrants, colonne de migrants, un migrant ausculté par un médecin, un militaire... et en tout dernier - parce qu'il y a une logique - des enfants souriants, heureux d'être pris en charge par l'école de la République. Migrants, migrants, migrants donc. La problématique est résumée par notre gouvernement à deux options possibles : « Maîtriser ou subir ». C'est l'un ou l'autre, parce que selon notre gouvernement, ce flux de population est inéluctable. Le problème est que l'un des seuls visages d'hommes politiques montrés dans ce clip est précisément celui d'un homme qui démontre qu'il existe bien une troisième option : le refus de celle-ci. Mais c'est un vilain monsieur et dans la courte séquence où on le voit lui (Orban) puis un autre mangeur d'enfants notoire, le diabolique Salvini, on entend ce dernier remercier une foule dans un meeting. Etonnant parce que ce « Gracie » à l'attention d'un peuple qu'il a manifestement envoûté et contaminé de sa lèpre populiste, ainsi que les mots en hongrois d'Orban sont les seuls prononcés dans ce clip et les seuls qu'ont décidé de retenir les réalisateurs de celui-ci. C'est bien foutu... Les équipes de com du gouvernement étant très professionnelles, ils ont bien pris soin de nous coller ce thème de la maîtrise des flux migratoires en premier. Bien entendu, il nous présente la question selon un angle particulier, celui spectaculaire de la crise des migrants, ce qui permet de passer sous silence le fait que 250 000 entrées légales annuelles sur le territoire français et des millions de visas accordés chaque année sont en réalité les moyens principaux de s'installer illégalement dans notre pays. Dés lors on peut comprendre qu'il soit préférable de ne pas trop montrer les images de files d'attentes interminables devant les préfectures de nombreuses villes de France ou bien encore celles des assauts sur les poids-lourds en pays Calaisien, ou encore ces centres construits et toute l'économie derrière, les hôtels squattés, un Paris en proie à des affrontements entre demandeurs d'asile. Mieux valait en effet focaliser sur les « réfugiés » fraîchement débarqués et finir avec des images attendrissantes d'enfants en plein processus d'intégration. « Maîtrisé » le sujet ? On se permettra d'en douter avec près de 500 000 clandestins, l'anarchie dans de nombreuses villes, des dizaines de milliers de déboutés du droit d'asile qui ne repartent jamais et une criminalité qui ne trompe plus personne. Il semble qu'apparemment 20% des électeurs croient encore dans la « maîtrise » du phénomène que nous promet le gouvernement au travers de ce clip. Deuxième thème : la question environnementale réduite à celle du... climat. Là encore, images chocs. On nous a juste épargné l'ours polaire famélique sur ses deux mètres carrés de banquise en dérive mais le résultat est le même : L'électeur n'a guère d'alternatives. Soit il suit les prétendues solutions de la politique actuelle (les saigner en taxes sur les carburants, augmenter les coûts de l'électricité et du gaz dans des proportions insupportables, instaurer des péages urbains...) soit il se voit taxé d'ignorant irresponsable. A l'évidence nous sommes passés du mépris des sans-dents à celui des sans-têtes. Troisième thème, l'emploi et là encore, une prétendue alternative : Nous devons être « partenaires » et non « concurrents ». C'est évidemment oublier que 500 000 travailleurs détachés (qui ne sont pas à blâmer) font une concurrence illégale à nos artisans. C'est également oublier le dumping fiscal qui a lieu au sein même de l'Union avec des paradis fiscaux et bancaires tels que le Luxembourg ou l'Irlande. C'est évidemment oublier le recourt sans vergogne à une main d'oeuvre d'Europe centrale et de l'est à bas coûts par l'industrie allemande, l'import massif de migrants depuis 2015 sans aucune concertation par ce pays, la concurrence déloyale dans le domaine de l'agriculture (Espagne), l'utilisation de techniques de pêche (P-B). C'est aussi passer sous silence la dissimulation de bénéfices faramineux par les GAFA contre lesquels l'UE et notre gouvernement ne luttent pas. Alors que de nombreux pays défendent leurs intérêts (EUA, Chine, Japon, etc.), notre gouvernement nous propose là encore une alternative dénuée de tout sens des réalités : si « partenariat » il existe, il coûte en réalité très cher aux Français, que ce soit en milliards d'€ donnés chaque année ou que ce soit par la concurrence déloyale qui frappe notre économie. Dernier thème l'Europe, avec comme déjà indiqué, deux des visages honnis par une macronie en guerre déclarée contre les souverainistes. On nous glisse furtivement des images d'une manif anti-Brexit. Ca ne mange pas de pain de faire croire que les peuples seraient largement favorables à l'UE en dépit des résultats des référendums. Il ne manquait plus qu'un défilé de néo-nazis bras tendus avec une question « années 30 ou 21ième siècle ? » avec, pour finir, le visage radieux et conquérant d'un Emmanuel soulevant la coupe du monde tout en twerkant frénétiquement sur les plus belles mélodies de DJ Kiddy Smile et la boucle était bouclée. Le tonitruant (d'aucuns diraient tonic et truand...) clip se termine par un avertissement : « En mai [ne fais pas ce qu'il te plaît] 2019, l'Europe changera » (ah ?) et puis, une sobre invitation aux urnes qui sonne étrangement comme une injonction « A vous de décider dans quel sens ». Comprenne qui pourra... mais tout le monde aura saisi qu'il n'y a que deux "sens" possibles : d'un côté la maîtrise, l'action, le partenariat et l'union que nous promet le gouvernement et de l'autre, la passivité, l'ignorance, la concurrence et la division que nous garantiraient les populistes. Choisis ton camp camarade et si tu choisis mal, gare à toi :
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/gouvernement-elections-europeennes.jpg

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