La dynastie wahhabite : la version bédouine des Borgia au XXIe siècle, par René Naba

Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 15-10-2018
NOUVELLE CENSURE A ARTE – Richard Labévière. Il y a 18 mois, plusieurs de nos connaissances ont été sollicitées pour participer au tournage d’un documentaire pour la chaîne Arte sur le financement du terrorisme. Sujet ambitieux, mais difficile et complexe ! Finalement, l’émission a été diffusée le 9 octobre dernier à 23 h. 40 – heure de grande écoute ! – sous le titre : L’argent de la terreur. Le problème, c’est que la production a sciemment caviardé plusieurs témoignages et expertises sollicités durant le tournage. Le documentaire prévu pour 90 minutes a été réduit à 60 et largement retartouillé par une journaliste de M6, ayant été jugé par la direction de la chaîne « gris, sombre et oppressant. » sur la forme. Quant au fond : « trop de problématiques, trop d’enjeux, trop de mots, trop difficile à suivre ». Le produit final est assez éloquent quant aux partis pris de la production d’Arte : pendant plus d’une heure, on ne parle que de la Syrie et du méchant Bachar en affirmant qu’il a fabriqué Dae’ch. On donne, notamment la parole à un officier de renseignement de Lattaquié, parfaitement inconnu des turfistes, avant d’avoir droit à un quart d’heure sur Lafarge. Le cimentier était spécialisé dans l’argent de la terreur, c’est aussi bien connu !!! Pas un mot, ni sur l’Arabie saoudite, ni sur le Qatar… Concernant particulièrement l’une des interviews, le jugement de la production a été encore plus « éclairé » : « il est de parti pris, il parle par références et par sous-entendus. Il faut le décoder. De plus, derrière ce qu’il dit, c’est politique… » Aïe, aïe, aïe ! Le financement du terrorisme, c’est surtout esthétique, c’est encore bien connu ! Au final, l’ours du tournage (le premier montage) a été condamné au motif que la journaliste responsable « n’a pas le droit de s’appuyer ainsi sur la parole de ses intervenants… » Hallucinant !!! On peut donc en conclure que pour parler intelligemment du financement du terrorisme sur Arte, il faut le faire de façon colorée, pimpante et ludique en utilisant un vocabulaire de 300 mots maximum et surtout en évitant toute référence à plusieurs problématiques et enjeux à la fois, ainsi qu’à toute considération politique. Suggérons donc à Arte de confier désormais la réalisation de ses documentaires à Cyril Hannouna qui prendra soin de ne poser que des questions simples à des coussins péteurs… Selon nos sources au sein de la chaine franco-allemande, la journaliste initialement responsable du doc a, très courageusement renoncé à le signer. On la comprend et on la félicite. Une telle rigueur n’est pas si courante. Encore bravo à Arte, qui n’en n’est pas à son premier coup de ciseau…
IDLIB : MOSCOU JOUE CARTE SUR TABLE ! Michel Annequin, 12 octobre. La situation générale en Syrie reste tendue. La mise en œuvre du protocole d’accord de Sotchi sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Idlib adopté le 17 septembre dernier à l’initiative de Vladimir Poutine et Recep Erdogan est toujours en cours. Le retrait de tous les groupes terroristes radicaux devait être achevé le 15 octobre. Certains groupes d’opposition syriens armés à Idlib ont déclaré appuyer les accords de Sotchi. Depuis le début, dans cette affaire, Moscou joue carte sur table. Déjà, plus de mille militants ont quitté la zone démilitarisée et plus de cent unités de matériel militaire ont été retirées. Les radicaux, principalement ceux de Hayat Tahrir al-Sham, alias Jabhat al-Nusra, continuent d’essayer de rompre l’application du mémorandum du 17 septembre. Parallèlement, les conflits internes se poursuivent dans la zone d’Idlib entre les différents groupes radicaux. Au moins 12 militants d’Al-Nusra et 8 dirigeants d’autres groupes armés illégaux ont été tués dans ces lieux au cours des 30 derniers jours. Encore une fois, cela représente environ deux douzaines d’organisations extrémistes ! Les développements sur la rive orientale de l’Euphrate, eux, suscitent de plus en plus d’inquiétude. Les Américains tentent d’y imposer leur loi avec leurs alliés Kurdes. Les efforts qu’ils y déploient pour mettre en place une sorte d’administration spéciale sans rapport avec la Constitution syrienne actuelle exaspère les non-kurde, plus précisément les Arabes, les Assyriens, les Turcomans et les habitants locaux. Ils ne supportent plus l’arbitraire des services de sécurité qui usent et abusent de leur toute puissance. Enfin, toujours avec la complicité des occidentaux, certaines organisations non gouvernementales ’acheminent leur aide humanitaire directement dans les régions hors du contrôle du gouvernement dans le nord de la Syrie, continuant ainsi de nourrir les terroristes. Qui livre quoi? Via quels points de contrôle ? Cela sera sans doute mis sur la table au Conseil de sécurité d’ici à la fin de l’année.
DYNASTIE WAHHABITE : LA VERSION BEDOUINE DES BORGIA AU XXIème SIECLE – René Naba, 10 octobre.
Jamal Khashoogi : La récidive, moins d’un an après la capture de Saad HaririLire la suite

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