« Hollywood propaganda » : la fabrication du consentement au cinéma. Par Laurent Dauré

« La politique étrangère américaine est ignoble car non seulement les États-Unis viennent dans votre pays et tuent tous vos proches, mais ce qui est pire, je trouve, c’est qu’ils reviennent vingt ans plus tard et font un film pour montrer que tuer vos proches a rendu leurs soldats tristes. »
Frankie Boyle, humoriste écossais

La publication d’Hollywood propaganda de Matthew Alford est assurément la bienvenue, tant les travaux récents sur le pouvoir idéologique du cinéma américain sont rares en français, a fortiori quand il est question de la politique étrangère des États-Unis et des guerres qui lui sont consubstantielles. Pour la première fois un ouvrage analyse de façon approfondie et documentée ce soft power au service de l’hégémonie américaine, passant en revue des dizaines de films sortis depuis le début des années 1990.
C’est en 2010 que l’universitaire britannique Matthew Alford publie Reel Power: Hollywood Cinema and American Supremacy (Pluto Press), qui paraît aujourd’hui – enfin ! pourrait-on ajouter – en France sous le titre Hollywood propaganda (Éditions Critiques), avec une préface inédite de l’auteur. Tout amateur de cinéma, quel que soit son degré d’exposition aux produits de l’industrie du divertissement américaine, apprendra beaucoup à la lecture de ce livre qui incite à se montrer plus vigilant à l’égard des somptuosités hollywoodiennes, y compris quand elles se présentent sous un jour humaniste, ou plutôt humanitaire.
Matthew Alford est un spécialiste des médias audiovisuels et des rapports entre pouvoir politique et industrie des loisirs. Dans Hollywood propaganda, il examine aussi bien des superproductions (Avatar, Transformers, Iron Man, Terminator Renaissance, La Chute du Faucon noir, etc.) que des longs-métrages aux budget moins faramineux (Les Rois du désert, Lord of War, La Mémoire dans la peau, Vol 93, Hôtel Rwanda…). Film de guerre, comédie, cinéma d’action, science-fiction, drame politique, l’auteur consacre un chapitre à chacun de ces genres, décortiquant la façon dont les œuvres représentent les actions des États-Unis dans le monde ainsi que leurs autorités civiles et militaires.Lire la suite

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