Affaire Méric : Un procès politique ?

L'avocat général avait demandé 12 ans de réclusion criminelle à l'encontre d'Esteban Morillo, qui a reconnu être l'auteur des coups mortels, 7 ans d'emprisonnement contre Samuel Dufour qui se battait à ses côtés mais sans avoir porté de coup à Clément Méric et enfin 4 ans (dont deux avec sursis) pour le troisième mis en cause pour sa seule présence qui aurait facilité la rixe. Au terme de 9 heures de délibérations du jury, ils ont respectivement été condamnés à 11 et 7 ans, le troisième ayant été acquitté. L'avocat d'Esteban Morillo a annoncé qu'il fera appel « pour la lourdeur de la peine ». L'avocat de Samuel Dufour fera de même : « La peine qui lui a été infligée ne correspond pas », explique-t-il. Les deux condamnés ont été mis sous mandat de dépôt. Après que la cour d'assises dont la Présidente est Xavière Simeoni (affiliée au célèbre Syndicat de la Magistrature selon certains) a condamné les deux ex-skinheads impliqués dans la mort du militant antifasciste Clément Méric, tué lors de cette rixe de 2013, les réactions se multiplient et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elles sont extrêmement polarisées : d'un côté certains se réjouissent du verdict voire même ne le trouvent pas suffisamment sévère espérant même le pire sort pour les deux accusés lors de leur détention (le jeune Samuel Dufour redoutait de retourner en prison car lors de son précédent séjour, ces codétenus lui auraient mené la vie dure en raison de ses tatouages nazis... ce qui paraît très plausible). De l'autre, celui des « fa », de la « fachosphère » comme ils disent, l'indignation est tout aussi véhémente. Mais il faut revenir sur les prises de parole juste après l'annonce de la mort de Clément Méric et le traitement médiatico-politique tant le climat de cette affaire depuis 5 ans relève de l'hystérie. Rappelons-nous... premièrement d'un Jean-Luc Mélenchon dans un état second évoquant un « fait politique ». La « mouvance » (d'extrême-droite) bénéficierait même selon lui d'une « protection médiatique », rien que cela... Cet extrait de son entrevue avec J-J Bourdin de l'époque donne le ton. Le Parti de Gauche avait soutenu que Clément Méric avait été « violemment frappé au sol par un groupe de plusieurs militants d'extrême droite du Groupe JNR (Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires) ». Il a été démontré par la suite que ce ne fût pas le cas mais la vérité n'avait et n'a toujours aucune importance pour eux. Clément Méric avait été lynché au sol, ils le savaient, ils en étaient certains. Les « fa » attendaient la bande de Méric... sauf que les vidéos et certains témoins semblaient montrer une toute version mais ça aussi... aucune importance ! Le Ministre de l'intérieur à l'époque, Manuel Valls s'était rendu sur les lieux le 6 juin 2013 : il avait alors appelé à « se méfier de tout amalgame » et « à ne pas céder à la violence ». Il avait aussi indiqué avec une sagesse inédite : « Nous devons être prudents quant aux circonstances » et à une question d'un journaliste sur les éventuels liens avec le FN avait répondu : « Je ne suis pas là pour polémiquer sur le plan politique ». Mais la pondération de Manu n'avait duré que quelques heures : « Incontestablement, il y a une connotation politique dans ce crime », avait-il martelé le jeudi 6 juin, dans le JT de France 2. Alors que le jeune homme était en état de mort cérébrale, le PS avait qualifié le drame d' « ignoble crime de haine » dans un communiqué appelant au rassemblement (émaillé d'échauffourées). Le PC quant à lui parlait d'un « crime odieux qui intervient après la recrudescence de l'action de groupuscules d'extrême droite ces dernières semaines ». J-F Copé, Président de l'UMP, avait, dans un communiqué, dénoncé un « crime atroce » « condamn[ant] avec la plus grande force l'agression barbare dont a été victime un jeune homme de 18 ans en plein Paris. ». La presse et la politicaillerie était unanime. La palme de l'indécence revient sans nul doute à Clémentine Autain, interrogée par i-Télé : elle avait conclu à la culpabilité des agresseurs alors même que l'enquête n'avait même pas commencé. Elle affirmait qu'il y avait eu « préméditation » de l'assassinant de Clément Méric. Rappelons quand même que les portraits d'Estéban Morillo et de sa petite amie étaient sur un site d'antifas... les deux étant traqués par ces derniers, mais peu importe. Le camp du bien (notez l'impartialité de la journaliste) avait la parole et entendait bien exploiter le filon jusqu'à épuisement : Alors Autain et consorts ont-ils été poursuivis pour toutes ces déclarations mensongères, cette propagation de « fausses nouvelles » comme on dit aujourd'hui ? Quid du mea culpa des journalistes ? Quid aussi de la présomption d'innocence des mis en cause ? Oubliez... elle a été bafouée sans aucun scrupule (ce qui en dit long sur ces gens qui prétendent gouverner le pays) dans cette affaire. Chaque affaire est différente mais comment interpréter cette décision de justice ? Comment interpréter le traitement des avis des experts (médecins légistes) qui ne se sont pas entendus sur l'usage ou non d'un poing américain, utilisation que les prévenus ont toujours nié ? Comment ne pas remarquer que la justice a préféré ignorer le bénéfice du doute accordé à d'autres en pareilles circonstances ? Et puis comment ne pas faire de comparaisons avec tant d'autres jugements bien plus cléments (sans jeu de mot) ? Des comme celui-ci il y en a des centaines, des milliers chaque année. 6 mois de prison ferme c'est également la condamnation prononcée par le Tribunal Correctionnel de St Nazaire à l'encontre d'un autre homme de même nationalité que le premier (marocaine) présumé dealer qui a poignardé à 4 reprises un autre homme. Et là, encore des violences gratuites sévèrement réprimées comme on peut le constater... Et puis le « logeur » à son insu de Daesh, Javvad, multi-récidiviste (13 condamnations à des peines de prison notamment pour infraction à la législation sur les stupéfiants, détention d'armes aggravée en réunion, faux et usage de faux, conduite en état d'ivresse, violences conjugales, ou encore violences aggravées en réunion) qu'a-t-il pris pour avoir tué d'un coup de couperet une autre personne pour une histoire de portable ? 8 ans... Mais ici a été condamné à 7 ans de prison quelqu'un qui n'a porté aucun coup à la victime. Dieu sait que je ne porte pas dans mon cœur les nostalgiques du 3ième reich mais Morillo et Dufour dont les avocats font appel de la décision (il y aura donc un autre procès) méritaient-ils d'être cloués au pilori de la sorte ? Alain Soral avait produit une analyse à l'époque. Chacun en pensera ce qu'il veut mais les faits qu'il avance s'agissant des antifas sont à considérer. Et lors de ce procès ce n'est pas le pacifisme ou la retenue qui les a étouffé... Le sentiment qui se dégage face à ce drame qui a coûté la vie à une personne et a bousillé celle de deux autres (sans parler des familles) est qu'ils ont été condamnés avant même leur procès, dés l'annonce de l'état de santé désespéré du jeune Méric, le 6 juin 2013. Condamnés pour leurs idées, des idées qui auraient motivé cette bagarre alors même que selon certains témoignages (celui d'un vigile du magasin où les jeunes skin-heads s'étaient réfugié pour éviter une première fois la confrontation physique) ils auraient préféré l'éviter. Une reconstitution des faits avait même été diffusée à la télévision et elle était accablante pour le jeune Méric mais la justice a tranché. Antifa et militants proches de néo-nazis (voire néo-nazis) mènent des combats respectifs tout aussi ineptes l'un que l'autre et qui servent des intérêts qui les dépassent. Les antifas protégés par le pouvoir, malgré leurs violences répétées, combattent des chimères – quelques dizaines de paumés - dont ils annoncent sans vergogne la ferme volonté de les massacrer (« pas de quartier pour les fachos » scandent-t-ils) tandis que les néo-nazis (peut-être quelques centaines d'individus sur toute la France...) soutiennent l'inacceptable et servent d'épouvantails a un système prompt à les brandir pour faire taire toute contestation. Deux groupes de perdants en somme. Plus personne ne peut faire quoi que ce soit pour Clémet Méric, à part comprendre que certains combats ruinent l'existence alors que d'autres paradent sous les projecteurs. Les Autain et consorts ont juste passé une mauvaise nuit... Quant à Morillo et Dufour, eu égard à la séverité du jugement, nous sommes en droit de nous demander s'ils ont été condamnés pour... ah non... on ne peut pas : justice a été rendue nous dit-on. Il est impossible de savoir dans quel état ces deux jeunes vont ressortir de prison (s'ils en sortent vivants) mais leurs choix politiques – et quand on est jeune on en fait parfois de très mauvais... - vont leur coûter leurs plus belles années, à moins d'un revirement en appel qui n'interviendra probablement pas avant des mois, voire des années.
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