Le bras de fer a donc été perdu par la Démocratie, le Premier Ministre pressenti ayant finalement présenté sa démission face au refus du Président…
Source : Monnaie Prix, Paolo Savona, 25-05-2018
Comme on pouvait s’y attendre, c’est donc autour de la nomination du Ministre des Finances que la formation du nouveau gouvernement italien semble bloquée. En effet, d’accord sur le programme de gouvernement et sur une liste de noms entrant au gouvernement, les deux partis ont chargé Giuseppe Conte, le nouveau Président du conseil de nommer Paolo Savona à ce poste stratégique. Or, Paolo Savona est un économiste euro-critique, c’est le moins que l’on puisse dire. Agé de 81 ans, ayant déjà été membre d’un gouvernement dans les années 90 comme Ministre de l’industrie, et ayant dirigé la cofindustria, le Medef italien, Paolo Savona est un homme d’expérience, très lié aux milieux d’affaire internationaux, et au commerce, disposant d’une expérience politique. La ritournelle qu’on entend monter dans la presse européenne sur l’inexpérience et l’impréparation du gouvernement, avec un tel homme, serait difficile à défendre, et c’est sans doute pour cela que les deux partis ont pensé à lui. Mais pas seulement. En effet, Paolo Savona est un économiste qui a compris, comme beaucoup d’économistes, l’inanité profonde de l’euro pour son pays. Dans une vidéo, il n’a pas hésité à dire que l’euro est la continuité du plan allemand nazi de 1936 de Funk, visant à développer l’industrie en Allemagne et à faire des autres pays des producteurs uniquement agricoles, Italie comprise. On voit donc à qu’il n’est pas homme à se laisser emberlificoter par la symbolique euro, qui emprisonne tant de militants, en particulier à gauche, dans l’impuissance politique.
Certes, ces mêmes militants de gauche ne manqueront pas de souligner que Savona est un pur représentant de la bourgeoisie et pour le coup, ils auront raison. Mais un représentant de la bourgeoisie qui n’hésite pas à citer Marx et qui est prêt à combattre le principal verrou néolibéral de notre temps : l’euro. Aussi son soutien est-il bon à prendre. En vérité, des hommes comme Savona représentent un mouvement plus avancé en Italie qu’en France, et ce mouvement est la compréhension que l’euro dessert les intérêts de cette bourgeoisie nationale en détruisant la base de sa puissance à moyen terme. Certes, pour en arriver à cette analyse, il faut avoir un peu d’intelligence, pas trop d’idéologie et pas de volonté d’écraser le mouvement social à court terme, contrairement à de nombreux membres de cette bourgeoisie. Mais pour ceux qui répondent à ces conditions, la prise de conscience est possible et en fait évidente : l’euro tue l’économie italienne comme il tue l’économie française, et personne n’a intérêt à cela.Lire la suite