Billet invité
Emmanuel Macron va fêter le premier anniversaire de son élection au mois de mai. Cette élection, on s’en souvient, s’était déroulée dans un contexte plus que particulier. Le rejet par une fraction de l’électorat de Mme Marine le Pen, pour des raisons multiples dont en particulier sa performance exécrable lors du débat télévisé, avait lourdement pesé sur cette élection. Emmanuel Macron, à plus d’un titre, apparaissait donc comme un « président par défaut », un Président qui n’avait reçu des électeurs aucun mandat précis, ce que confirmaient les sondages. Pourtant, il s’est cru investi d’un mandat particulier, celui de réformer la France. Il faut, alors, se retourner sur un an de Présidence Macron, et sur la frénésie des réformes qui semble l’habiter, mais aussi sur le sens même de certaines de ces réformes.
Un président autoritaire ?
Ses méthodes de gouvernement divisent, mais elles ont incontestablement donné des résultats. Il a ainsi pu faire passer une importante – et fort controversée – réforme du code du travail. Cependant, le processus qu’il a adopté pour ce faire – les « ordonnances » – n’est pas innocent et il a laissé des traces. De même, les soupçons de favoritisme, voire de cadeaux donnés à certains chefs syndicaux, pour diviser le mouvement syndical, n’ont pas grandi l’action d’Emmanuel Macron. Sa politique aura contribué à décrédibiliser ce que l’on appelait le « pôle réformiste » au sein du syndicalisme français. Ajoutons qu’il a pris goût aux ordonnances, détournant ainsi une procédure qui était, initialement, réservée aux questions budgétaires. Son utilisation tend désormais à se systématiser. Elle contribue donc à l’image d’autoritarisme qui semble désormais coller au Président. Selon un sondage IFOP, 73% des personnes interrogées considéraient qu’il était autoritaire, et seulement 30% qu’il était proche des français[1]. C’est une image en réalité désastreuse, car on sent bien toute la différence qu’il y a entre l’autorité légitime et un comportement autoritaire…Emmanuel Macron brutalise, que ce soit symboliquement ou matériellement une bonne partie de l’opinion publique française. Cela laissera des traces.
Ajoutons à cela la maladresse dont le gouvernement a fait preuve à propos de Notre-Dame-des-Landes, combinant une forte répression avec un recul trois jours après pour commencer des négociations, et la brutalité dans la répression du mouvement étudiant : on pourrait se croire revenu au temps des marcellinnades de 1968. Le cas de Notre-Dame-des-Landes est ici emblématique. Puisque Macron avait décidé de ne pas y faire construire l’aéroport dont certains rêvaient, pourquoi ne pas avoir pris le temps de la concertation avant d’user de la répression ? Les images des affrontements resteront aussi dans les mémoires, et elles ne font pas honneur à Emmanuel Macron.Lire la suite