Syrie : Trictrac Turc à l’américaine… Par Richard Labévière

Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 05-03-2018
Genève, 5 mars 2018.
Ghouta dernière : Il n’aura échappé à personne – cherchant à s’informer un tant soit peu – que les derniers affrontements de la Ghouta orientale donnent lieu à la même désinformation qui prévalut lors de la libération d’Alep fin 2016. Chaque jour, on nous annonce la destruction d’un hôpital comme si cette banlieue nord-est de Damas en abritait une dizaine, voire plus. Qui connaît bien ces quartiers populaires sait qu’ils ne disposent que de deux antennes sanitaires secondaires qui dépendent de l’hôpital Chami, le grand établissement de la partie Est de la capitale syrienne. On nous annonce aussi que ce quartier abrite quelque 400 000 personnes, ce qui est parfaitement exagéré, même si dernièrement la Ghouta a accueilli nombre de jihadistes en déshérence. Toujours est-il que ce chiffre de 400 000 « habitants » tombe du ciel ! On voit aussi ressurgir les fameux « Casques blancs », chevaliers présumés d’une ONG au service de la veuve et de l’orphelin, alors qu’il est établi sans conteste, depuis la bataille d’Alep, que cette officine est une création des services spéciaux britanniques (MI6) au service de Jabhat al-Nosra, c’est-à-dire la Qaïda en Syrie… Enfin, on nous annonce aussi que de nouvelles attaques à l’arme chimique sont en préparation – du côté des forces gouvernementales s’entend et – pour faire bonne mesure – que les armes chimiques syriennes ont été fabriquées avec l’aide de … la Corée du nord ! L’OIAC (Organisation de l’interdiction des armes chimiques) est une agence technique liée aux Nations unies basée à La Haye aux Pays-Bas. Curieusement, on ne parle plus de cette Organisation ni de ses inspecteurs depuis que Washington a évincé son premier directeur général – le diplomate brésilien José Bustani, qui avait eu l’audace de vouloir envoyer ses équipes en Irak avant le déclenchement de l’invasion anglo-américaine du printemps 2003.
Par conséquent, on ne peut qu’être dubitatif devant le nouveau déferlement de propagande qui accompagne les événements de la Ghouta, alors qu’au même moment l’armée israélienne multiplie les opérations en Syrie, notamment sur le Golan – Washington essayant, de son côté, de se réconcilier avec Ankara qui mène aussi ses propres opérations sur territoire syrien. Ce dernier imbroglio américano-turco-kurde qui fait prendre à la guerre civilo-globale de Syrie de nouvelles orientations mérite toute notre attention.
CURIEUSE ARRESTATIONLire la suite

Source