Jean-Claude Michéa : « Il est aujourd'hui plus facile d'imaginer la fin du monde que celle du capitalisme »

"Notre ennemi, le capital" : un entretien (mai 2017) avec le philosophe Jean-Claude Michéa et un résumé de son livre publié le 11 janvier 2017 Entretien avec Jean-Claude Michéa - Comédie du livre 2017

Animé par Régis Penalva, directeur littéraire de la Comédie du Livre. « Il est aujourd'hui plus facile d'imaginer la fin du monde que celle du capitalisme. » Avec "Notre ennemi, le capital" (Climats), le philosophe Jean-Claude Michéa poursuit son travail de clarification et de démolition entrepris avec des livres aussi importants que "Orwell, anarchiste Tory", "L'Empire du moindre mal" ou "La Double Pensée". Mais est-il encore possible de « rassembler la grande majorité des classes populaires autour d'un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste » ? Vendredi 19 mai - Comédie du Livre 2017

Sur Wikipédia :

Dans Notre ennemi, le capital (2017), il réaffirme le lien entre l'impasse libérale (cette recherche illimitée du profit qui détruit les liens sociaux) et la gauche « sociétale » (qui défend la lutte contre les discriminations sans remettre en cause le système capitaliste d'exploitation). Pour lui, la « gauche », qu'elle soit réformiste ou radicale, est l'idiote utile de l'individualisme consumériste. Il rappelle aussi que le socialisme a une généalogie radicalement opposée à la gauche ; qu'alors que le socialisme primitif affichait son scepticisme vis-à-vis du machinisme et du modernisme, la gauche républicaine vouait un culte à l'idée de progrès, et que c'est autant la droite réactionnaire que la « gauche versaillaise » qui écrasa la Commune de Paris, en 1871, avec à sa tête Adolphe Thiers10.

Jean Claude Michéa - Notre ennemi le capital - résumé Juliénaire :

Quelques mots sur le dernier livre de Michéa, "Notre Ennemi, le Capital", qui rappelle sa thèse selon laquelle la Gauche n'est pas hostile au capitalisme et au libéralisme (elle ne s'intéresse qu'au Progrès illimité contre l'Obscurantisme), alors que le Socialisme seul critique la société libérale et capitaliste comme société de l'absolutisme individuel ou toute vie commune devient impossible - d'où une revalorisation du socialisme contre l'idée de la Gauche.

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Jean-Claude Michéa
Notre ennemi, le capital (Notes sur la fin des jours tranquilles)
Flammarion, 2017
* * * * * * * * * * * * * Jean-Claude Michéa (extraits d'un entretien-fleuve, avec David Doucet, publié le 11 janvier 2017 sur Les Inrockuptibles) :

« Le système capitaliste repose, par définition, sur la production sans cesse croissante de marchandises prioritairement destinées à être vendues sur un marché où la concurrence devrait théoriquement être libre et non faussée. Dans cette optique libérale, toute intervention protectionniste ne peut donc que compromettre la reproduction élargie du capital. Mais comme il est devenu plus difficile aujourd'hui – du fait de la fameuse “droitisation de la société” – de présenter cette libre concurrence capitaliste comme une valeur de gauche (c'est pourtant bien ce que faisait Hollande, en 1985, dans La gauche bouge), il apparaît donc désormais plus rentable, pour une gauche libérale, de prétendre que toute critique du libre-échange mondialisé procéderait, en réalité, d'un esprit “nationaliste” ou “fascisant”. On retrouve là, en somme, le vieux sophisme popularisé par BHL dans L'Idéologie française : si l'extrême droite dénonce le capitalisme, c'est bien la preuve que toute critique du capitalisme est d'extrême droite. [...] Le capitalisme postdémocratique se heurte aujourd'hui à trois limites majeures. La limite morale, car il détruit progressivement les bases anthropologiques de toute vie commune. La limite écologique, car une croissance infinie est évidemment impossible dans un monde fini. Et la limite systémique, parce que son entrée dans le règne du “capital fictif” – comme Ernst Lohoff et Norbert Trenkle l'ont établi de façon magistrale dans La Grande Dévalorisation – le rapproche à grands pas de son stade terminal. Règne moderne du capital fictif qui s'explique lui-même par le fait que la reproduction élargie du capital repose désormais moins – du fait de l'innovation technologique incessante – sur le travail vivant des hommes que sur une pyramide de dettes qui ne pourront plus jamais être remboursées. Mais rien ne dit – dans ce champ de ruines que la gauche a laissé derrière elle – que la période de catastrophes qui s'annonce ainsi aura une fin heureuse. Elle peut tout aussi bien conduire à l'avènement d'un monde postcapitaliste qui marierait de façon inédite Brazil et Mad Max. Tel était déjà le sombre avertissement de Rosa Luxemburg, il y a plus d'un siècle. »

Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/jean-claude-michea-capitalisme-ennemi.jpg

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