Billet invité
Glissements progressifs vers la tyrannie
Sommes-nous en train de sortir de la démocratie ? Les raisons qui incitent à penser cela sont nombreuses ; l’une d’elles est impérieuses. Ce n’est pas par un coup d’Etat ou par l’arrivée au pouvoir d’un parti souhaitant renverser la République que nous sortons de la démocratie mais par l’extension des normes et des règles, le plus souvent imposées de l’étranger, et qui restreignent et contraignent la capacité du législateur national. Avec l’extension de ces règles, le pouvoir se libère de toute interrogation sur sa légitimité par le simple fait qu’il a respecté la légalité. Or, cette légalité peut-être parfaitement anti-démocratique et contraire aux droits de l’homme[1]. Pour dépasser sophisme dénoncé il y a près d’un siècle par Carl Schmitt[2] et dans lequel s’enferment les tenants de « l’état de droit », il convient de rappeler que c’est la souveraineté qui est fondatrice de la légitimité, et cette dernière permet, et elle seule, de penser le concept de légalité. Hobbes écrit qu’il y a une « inséparable connexion (…) entre la puissance souveraine et la puissance de faire des lois »[3]. La puissance de faire des lois réside dans la légitimité et non dans leur légalité, qui peut couvrir aussi des lois « injustes », et c’est la souveraineté qui fait la distinction entre le légitime et le légal.
Cette extension des règles, et avec lui d’un gouvernement des juges et des experts, recouvre le risque d’une tyrannie rampante[4].