En quoi croit-on quand on ne croit en rien ?

Pierre Bergé est mort et cela nous offre une vision plus complète d'un homme qui représente bien son temps et dont je voudrais saisir l'exemple pour poser un débat.
Un Homme est mort, il s'appelait Pierre Bergé. C'est alors que ressurgit tout ce que toute une vie il conservait sous le tapis. Emprise mentale, esclavage sexuel, orgies marocaines, la présence d'enfants à ces orgies est même évoquée dans le livre publié par son ex-amant Fabrice Thomas. Pourquoi Thomas a-t-il attendu la mort de Bergé ? Dans son cas c'est évident, il avait peur, et à juste titre. Tout simplement, il n'aurait pas pu avant, il n'aurait pas trouvé d'éditeur, pas de relai dans les médias, et puis une armée constituée des meilleurs avocats de Paris l'attendait de pied ferme. Bergé s'était, de surcroît, imposé comme un grand mécène grâce à son argent, et dire du mal de lui jetait sur vous l'opprobre. Il donnait beaucoup au sidaction, finançait telles et telles fondations, tels et tels prix littéraires, possédait telle presse influente etc. Bref, il était à la tête d'un puissant réseau dont il abusait à la manière d'un parrain. Et d'ailleurs il suffit de voir le genre de costard rayé que l'homme se plaisait à porter pour se dire qu'il assumait complètement et ne se cachait même pas à celui qui veut voir. Alors les premières réactions devant ces découvertes sont celles du dégoût, de la colère, de la haine, mais il faut ensuite interroger cette histoire humaine qui n'est pas qu'une histoire individuelle. En effet, Bergé n'est pas seulement un individu, isolé, mort et enterré, il faut également comprendre que ce pouvoir là a modelé le paysage culturel français pendant près de 50 ans. Mais alors en quoi croyait cet homme là ? Réponse : en RIEN. Voilà qui a le mérite de la brièveté. Athéisme, liberté individuelle et égoïste comme valeur ultime, ambition obsessionnelle et vengeresque, transgression des schémas biologiques et traditionnels avec un enthousiasme certain pour les sexualités alternatives (LGBT), la PMA, la GPA..., transgression de manière générale : pornographie, anarchisme par refus de l'autorité avec en implicite la volonté de devenir soi même un maître (et qui dit maître dit esclaves), insoumission (d'où l'hommage de Mélenchon), libération de la femme mais surtout pour avoir la liberté de travailler au SMIC ou de louer son ventre, etc Ainsi, c'est une époque, un modèle civilisationnel qu'il faut interroger. Car ce système de pensée est vraiment loin d'être le propre de Bergé, en fait, ses fondements sont plutôt la norme actuelle : "Agnostique et plus que ça", "Les gens font ce qu'ils veulent", "Les gens ont toujours la place qu'ils méritent" : Est ce si choquant que cela ? Je croise tous les jours des personnes qui pourraient prononcer ces mots. C'est à ses fruits que l'on reconnait un arbre, et l'intérêt de Bergé est qu'il permet de voir à quoi conduit un modèle lorsqu'il est poussé au bout avec cohérence. D'après Francis Cousin, nos "sociétés capitalistes du fétichisme de la marchandise" seraient génératrices de pervers narcissiques par exemple, il n'a peut être pas tort...
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/Pierre_Berge_God.jpg

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