« Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. »
Une citation bien connue que d’aucuns attribuent généralement à Coluche. À tort. En vérité, elle est de Napoléon. Non pas de Napoléon Bonaparte, le despote éclairé, mais du cochon tyrannique de « La ferme des animaux », le roman satirique de George Orwell publié à Londres en 1945.
On connait tous « 1984 », le célèbre roman de l’auteur anglais, considéré par la plupart comme un simple roman d’anticipation, mais qui, à examiner de plus près, ressemble fort à un véritable programme politique, tant le futur imaginé par Orwell est déjà notre présent. Il suffit de lever un peu les yeux, de regarder autour de soi et d’observer l’état de ce monde pour se faire une idée utile sur la question. Surveillance de masse (« télécran »), politiquement correct (« novlangue »), parti épouvantail sur qui déverser toute sa haine (Emmanuel Goldstein), alternance unique (Angsoc), état d’urgence permanent, contrôle généralisé, vaccins obligatoires, compteurs Linky, disparition progressive des libertés fondamentales… Toutes ces grandes avancées sociales et politiques décrites par Orwell en 1949 ne font-elles pas déjà partie de notre réalité sous notre belle démocratie ?
En revanche, on connait moins La ferme des animaux (« Animal Farm. A Fairy Story »), publiée 4 ans avant 1984 (1949).
Un court roman anthropomorphique, présenté comme une satire de la révolution russe et du régime soviétique, mais qu’on peut lire plus globalement comme une critique du totalitarisme et de la tyrannie de tout système (de pensée) imposé au plus grand nombre au profit de quelques uns. Une allégorie qu’on peut aisément appliquer à notre cher capitalisme, qui ne cesse de soumettre les peuples au totalitarisme des marchés au bénéfice d’une petite élite sans scrupules.
En résumé, pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu :
Les animaux de la ferme du manoir, animés par les idéaux de liberté, d’autonomie et de paix de Sage l’Ancien, le doyen des cochons, se révoltent contre les hommes et les chassent dans l’espoir d’une vie meilleure, basée sur l’entraide et l’égalité, loin de la tyrannie des humains. Mais très rapidement, Napoléon à leur tête (caricature de Staline), les cochons, plus malins, mais surtout « plus égaux que les autres », prennent le pouvoir et asservissent leurs congénères, les maintenant dans l’ignorance et la peur par le mensonge et la manipulation. Si bien qu’à la fin, plus rien ne les distingue de leurs anciens maîtres. L’exploitation et la soumission des masses bêlantes se poursuit quel que soit le visage du pouvoir. Rien de bien différent sous le soleil en somme. Pas même sous le soleil du Brésil où le livre rencontre aujourd’hui un large succès avec plus de 47 000 exemplaires déjà vendus, devançant 1984 écoulé à 34 000 exemplaires. Les dystopies d’Orwell n’ont pas de frontières.
Si 1984 a connu plusieurs adaptations cinématographiques et théâtrales, La ferme des animaux a fait l’objet d’une adaptation en dessin animé en 1954 dans un long métrage britannique de John Halas et Joy Batchelor, sorti en France en 1993. Un dessin animé plutôt sérieux, non destiné aux enfants, à l’opposé de l’optimiste des productions américaines de Disney. Cependant, si l’animation est de qualité, l’adaptation reste moins virulente que le roman. La fin par exemple, peu fidèle à l’œuvre originale, se termine sur une note moins amère. Dans la version animée, les animaux se révoltent avec succès contre les cochons alors que chez Orwell ils assistent impuissants à leur festin avec les hommes.
Que le pouvoir change de visage, de régime ou d’idéologie, la politique reste toujours la même en définitive. Au service des mêmes maîtres. Et c’est toujours les mêmes moutons qui en font les frais. On ne voulait plus d’Empire Soviétique, mais on réclame toujours plus d’Europe (UE). Au fond, on a les gouvernements qu’on mérite… « camarades ».
Amis bêêêlants, relevons-nous !
Sigmard Lafroygue
Dessins de Dollone
Le film existe en version française qu’on peut facilement trouver sur Youtube. Ici pour la version en une seule partie :
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