Interroger la notion de progrès par l'histoire

Sophie Wahnich est historienne, directrice de recherches au CNRS et membre du Centre de Recherches Historiques

Vidéo extraite des Conversations éthiques 2017, organisées le 6 juin par l'Espace éthique/IDF

Que la notion de progrès soit en crise, cela ne semble plus faire débat. L'axiomatique de ce qui en fait une idéologie — selon laquelle il y aurait une relation naturelle entre progrès scientifique, progrès technique, progrès social et progrès humain — n'est plus un horizon de sens crédible et partagé. Pour autant, nous constatons que la rhétorique de l'innovation et l'économie de la promesse cherchent, non sans contradiction, à maintenir cette idéologie défunte bien que dominante.
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair obscur surgissent les monstres » disait Antonio Gramsci. Nous vivons l'équivoque du progrès et nous cherchons difficilement la voie pour un nouvel horizon de sens, une nouvelle éthique pour penser notre place dans l'existence. Et dans cette hésitation des temps présents s'impose désormais une réflexion sur les notions de limite et de temporalité. Limites morales lorsque sciences et techniques nous promettent le post-humain ? Limites écologiques lorsque tous les voyants environnementaux sont au rouge ? Limites sociales lorsque les innovations disruptives déstabilisent puissamment nos modes de socialisation ? Limites économiques lorsque le renouvellement des technologies conduit à l'obsolescence programmée ? Finalement, peut-on penser une éthique à l'âge des limites et ainsi sauver la notion de progrès ?
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/sophie-wahnich-progres.jpg

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